Les débardeurs n'ont pas chômé en 2006 au port de Montréal, qui connaît sa meilleure année en 176 ans d'existence.

Les débardeurs n'ont pas chômé en 2006 au port de Montréal, qui connaît sa meilleure année en 176 ans d'existence.

Plus de 25 millions de tonnes métriques de marchandises ont passé par les installations portuaires, éclipsant le record d'achalandage de 24,9 millions de tonnes établi en 1980.

"En 1980, le trafic était principalement composé de pétrole et de blé canadien, dit Dominic Taddeo, PDG d'Administration portuaire de Montréal, l'agence fédérale responsable du port. Les conteneurs nous a permis de devenir un port d'envergure internationale. Il y a 20 ans, nous n'avions que deux armateurs spécialisés dans le transport de conteneurs à Montréal. Nous en avons maintenant 10 des 15 plus importants au monde."

Les conteneurs constituent la nouvelle vache à lait du port, dont le bénéfice d'exploitation sera de 11 millions en 2006, une hausse de 400000$ par rapport à 2005. Cette année, le port de Montréal a manutentionné 10,4 millions de tonnes de marchandises conteneurisées pendant les 11 premiers mois de l'année, une hausse de 2,1% par rapport à la même période en 2005.

Le pétrole et le blé n'ont pas pour autant déserté le port. Le secteur des vracs liquides (produits pétroliers, produits chimiques, asphalte, boissons alcoolisées, etc.) sont passés de 6,6 millions à 7,2 millions de tonnes pendant les 11 premiers mois de 2006. Celui des vracs solides (blé, maïs, sucre brut, sel, ciment, etc.) est passé de 5 à 5,1 millions de tonnes. Au début des années 1980, ce secteur représentait environ 12 millions de tonnes par année, dont environ 7 millions de tonnes de blé. "Les trois quarts du blé canadien nous étaient destiné, dit M. Taddeo. Le blé était vendu en Europe et en Union soviétique. Mais les règles ont changé et les plus grands acheteurs de blé canadien sont maintenant la Chine et le Japon. Il est plus facile de rejoindre ces marchés en passant par les ports de l'ouest du pays."

Au cours des 11 premiers mois de l'année, le port a manutentionné 23,3 millions de tonnes de marchandises, soit un million de tonnes de plus que l'an dernier. Cette hausse de 4,5% sera suffisante pour battre le record d'achalandage vieux de 1980, assure M. Taddeo. "Il y a eu une croissance de la demande du pétrole, dit-il. La récolte de blé a également été excellente. Depuis quelques années, nous avons développé le transport du soya, un secteur qui a donné de bons résultats cette année."

Quant à l'année 2007, elle s'annonce occupée et mouvementée. La semaine dernière, le groupe allemand TUI a mis en vente sa société Montréal Gateway, qui exploite deux terminaux de conteneurs au port de Montréal. Ces deux terminaux représentent les trois quarts des marchandises conteneurisées du port. Mais Dominic Taddeo n'est pas inquiet. "Au contraire, c'est une bonne nouvelle, dit-il. Le fait qu'il y ait des acheteurs intéressés est une preuve de rentabilité. De toute façon, l'exploitant ne peut pas céder son bail sans notre permission. Nous allons exiger les mêmes garanties et les mêmes taux de rentabilité. Nous n'allons pas nous tirer dans le pied."

Le PDG d'Administration portuaire de Montréal a une autre raison d'être optimiste: la vigueur de l'économie européenne, qui n'inquiète pas les analystes autant que l'Amérique du Nord. C'est que 37% des marchandises conteneurisées prennent le chemin du Vieux Continent.