Les autorités de la concurrence ont ouvert mardi une enquête approfondie sur la gestion des grands aéroports du Royaume-Uni.

Les autorités de la concurrence ont ouvert mardi une enquête approfondie sur la gestion des grands aéroports du Royaume-Uni.

Cela pourrait déboucher sur un démantèlement de leur propriétaire, la British Airport Authority (BAA), racheté cette année par un consortium mené par l'Espagnol Ferrovial dont fait partie la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Cette décision a été saluée par les compagnies aériennes, qui dénonçaient depuis longtemps une situation de «monopole» sur les taxes aéroportuaires, tandis que BAA accusait le régulateur de confondre l'intérêt des transporteurs avec celui des passagers.

BAA gère les aéroports de Heathrow, Gatwick et Stansted à Londres, ainsi que ceux de Southampton en Angleterre et Glasgow, Édimbourg, Aberdeen en Écosse. Ils ont été fréquentés par 147,4 millions de passagers sur les douze derniers mois, soit 60% du trafic aérien du Royaume-Uni.

L'Office of Fair Trading (OFT), le gendarme des affaires commerciales qui examinait le dossier depuis juin, l'a renvoyé mardi devant la Commission de la concurrence, dont l'enquête durera jusqu'en février.

«Des signes montrent que le marché des aéroports ne fonctionne pas bien et nous estimons qu'une enquête approfondie sur la structure de BAA est nécessaire», a indiqué John Fingleton, directeur général de l'organisme.

Le régulateur a constaté une «insatisfaction évidente de la clientèle» face à la «mauvaise qualité des services et à des taxes élevées». Il a estimé que les investissements importants engagés par BAA «pourraient se révéler coûteux pour les passagers et le pays en l'absence de concurrence».

BAA construit un nouveau terminal à l'aéroport d'Heathrow (ouest de Londres), et une seconde piste à Stansted (nord-est de Londres). Des investissements destinés à désengorger le trafic, mais critiqués par les compagnies qui accusent BAA de les financer en augmentant ses taxes.

«La régulation actuelle de l'aviation civile encourage BAA à gaspiller quatre milliards d'euros dans la construction d'une piste et d'un terminal à Stansted, alors qu'on pourrait le faire pour quatre fois moins cher», a dénoncé Michael O'Leary, patron de la «low-cost» irlandaise Ryanair.

Mais BAA s'est défendu «d'abuser de la situation».

«Le problème, c'est le manque de pistes et de terminaux dans le sud-est de l'Angleterre, qui engendre des retards et un engorgement. Cela n'a rien à voir avec la structure de BAA, cela est dû à des règles de planification complexes, à une régulation antédiluvienne et à un système d'attibution des créneaux trop rigide», a déclaré son directeur général, Stephen Nelson.

Un porte-parole de Ferrovial interrogé à Madrid par l'agence AFX News n'a pas souhaité faire de commentaires. Le quotidien espagnol Expansion a rapporté la semaine dernière que le groupe envisageait de séparer BAA en deux branches, la gestion du trafic et les activités commerciales.

La banque Merrill Lynch a estimé que la décision de l'OFT ouvrait la voie à un démantèlement des aéroports londoniens, dont la vente pourrait rapporter beaucoup au vu de l'appétit actuel des investisseurs pour les infrastructures de transport.