La vente des 54 journaux de l'éditeur ontarien Osprey Media (T.OSP.UN) tourne en guerre commerciale et judiciaire entre Quebecor Média, de Montréal, et Torstar, de Toronto.

La vente des 54 journaux de l'éditeur ontarien Osprey Media [[|ticker sym='T.OSP.UN'|]] tourne en guerre commerciale et judiciaire entre Quebecor Média, de Montréal, et Torstar, de Toronto.

Les hostilités entre Quebecor [[|ticker sym='T.QBR.A'|]] et Torstar [[|ticker sym='T.TS.B'|]] ont fait surface au grand jour mercredi, quand un éditeur de l'Ouest, Black Press, dont Torstar est actionnaire, est venu couper l'herbe sous le pied de Quebecor Média en offrant 405 M$ pour la fiducie de revenue Osprey Media, soit 8,25$ par part.

Black Press est une entreprise familiale dirigée par David Black (qui n'a aucun lien de parenté avec Conrad Black), mais Torstar détient 19,4% des actions de cette firme à capital fermé de Victoria, en Colombie-Britannique.

Quebecor Média pensait que l'acquisition d'Osprey Media était dans le sac, le 31 mai dernier, quand la direction d'Osprey avait recommandé à ses actionnaires d'accepter l'offre de Quebecor de payer 7,25$ par part (une transaction de 356 millions).

Mais la direction d'Osprey s'est ravisée hier et recommande maintenant d'accepter l'«offre supérieure» de Black Press, qui représente une prime de 13,5% par rapport à celle de Quebecor Média.

Mercredi, après l'annonce de la nouvelle transaction, Quebecor a réagi en accusant Black Press d'être un pion entre les mains de Torstar.

«Le 12 juin nous avons reçu une communication de Rob Pritchard, le CEO (chef de la direction) de Torstar, nous disant essentiellement (): si vous ne me vendez pas certains actifs d'Osprey que vous venez d'acheter, je vous informe qu'un tiers va faire une offre supérieure à la vôtre», a dit à La Presse Luc Lavoie, vice-président exécutif aux affaires corporatives de Quebecor inc, le holding qui possède Quebecor Média.

Black Press est une façade, «un front» agissant au nom de Torstar, a dit M. Lavoie.

«D'une part, Black est propriété à 19% de Torstar. D'autre part, il est publiquement connu que Torstar a une option permanente d'achat sur Black, quand ils veulent l'exercer. Troisièmement, on ne peut pas faire autrement que de faire un lien entre la communication de Rob Pritchard (le 12 juin) et l'offre de Black (mercredi)», a dit M. Lavoie.

M. Black a nié mercredi que Torstar ait une option lui permettant d'acheter le reste des actions de Black Press.

M. Lavoie n'a pas voulu envoyer le courriel de M. Pritchard à La Presse Affaires. Un message a été laissé à la secrétaire de M. Pritchard au siège social de Torstar, mais ce dernier n'a pas rappelé.

Selon Quebecor, Black Press a abusé de l'accord moratoire qu'elle a signé pour avoir accès à la comptabilité confidentielle d'Osprey.

«Ces standstill agreements sont très clairs: tu es pas censé sortir de là et aller dire à un tiers: regarde ce qu'il y a là-dedans, il y a ceci, cela, ceci, cela, fais un sweet deal avec moi, je m'en vais te l'obtenir. Tu peux pas faire ça. C'est ce qu'on est sûrs qu'ils ont fait», a ajouté Luc Lavoie.

M. Black a totalement nié cette version des faits.

«Je ne suis la façade de personne et même si Torstar est actionnaire minoritaire, j'ai plus de 80% des actions et j'aime bien prendre mes décisions par moi-même», a dit M. Black.

«J'ai lu le communiqué de presse de Quebecor, je comprends la logique qui fait conclure à Pierre Karl (Péladeau, le président de Quebecor) et aux autres ce qu'ils pensent, mais ils ont tout simplement tort. Ce n'est pas vrai. Il n'y a aucune entente ni arrangement semblable entre Torstar et Black Press.»

M. Black a commencé sa carrière chez Torstar, qu'il a quittée en 1975 pour reprendre la firme de son père. Torstar a payé 20 M$ en 2002 dans sa participation dans Black Press.

M. Black affirme que Torstar n'a pas d'option permanente pour acheter les 80,6% d'actions de la famille Black.

«Torstar a un droit de premier refus si les actions sont vendues par la famille, mais pas si je les cède à mes enfants, qui n'ont aucune intention de vendre de toute façon. On est loin d'une option d'achat permanente, non?»

Selon le communiqué publié hier par Osprey, Quebecor a le droit de renchérir à l'offre de Black Press d'ici le 5 juillet.

«C'est une option, mais on envisage pas ça à l'heure actuelle, a dit M. Lavoie, de Quebecor. On pense que le processus a été vicié. À moins qu'ils nous trouvent une façon d'éviter ça, je ne peux pas voir comment on n'ira pas en cour.»

«Ce serait insensé de leur part de poursuivre, a dit M. Black. Ils n'ont aucune chance de gagner.»