L'assurance invalidité, ou salaire, permet à un individu devenu invalide à la suite d'une maladie ou d'une blessure de toucher des prestations mensuelles durant une certaine période.

L'assurance invalidité, ou salaire, permet à un individu devenu invalide à la suite d'une maladie ou d'une blessure de toucher des prestations mensuelles durant une certaine période.

Au Canada, près de six travailleurs sur 10 sont protégés par ce type d'assurance. La grande majorité d'entre eux sont toutefois assurés par l'entremise d'une assurance collective, dont les primes sont payées en totalité ou en partie par leur employeur. Si ce n'est pas votre cas, il vous faut donc souscrire à une assurance invalidité individuelle pour bénéficier d'une telle protection.

" À moins d'avoir un compte en banque bien garni, tout le monde devrait souscrire à une assurance invalidité ", dit le planificateur financier et conseiller en sécurité financière, Martin Drapeau.

Madeleine Bourque, de Laval, remercie le ciel d'avoir pris cette décision. Il y a huit ans, une dépression majeure l'a contrainte au repos forcé durant neuf mois. Grâce aux prestations de 1500 $ par mois que lui versait l'assureur, elle a pu vivre sa maladie sans soucis financiers. " Cela m'a permis de payer l'hypothèque l'esprit en paix ", dit cette femme de 45 ans.

Avant de souscrire à une assurance invalidité, il y a toutefois une foule de choses à savoir et à considérez.

Pour qui?

Si vous êtes travailleur autonome, entrepreneur, ou salarié dans une PME sans protection en cas d'invalidité, ce type d'assurance est pour vous. Rien ne garanti toutefois que vous puissiez souscrire à une telle police. " C'est l'une des assurances les plus difficiles à obtenir ", dit Martin Drapeau.

En effet, avant d'émettre une police, les assureurs évaluent trois choses: votre état de santé, votre âge, et votre type d'emploi (ou occupation). Si vous venez de subir une crise cardiaque, oubliez ça, aucun assureur ne prendra le risque de vous assurez. De même, plus vous êtes âgés, plus les primes seront élevées. Certains assureurs refuseront carrément de vous assurer.

Enfin, vos primes dépendront aussi en fonction du métier que vous exercez, car les assureurs estiment que les risques varient selon les classes professionnelles. Par exemple, un camionneur paiera beaucoup plus cher qu'un avocat ou un comptable. Certains assureurs refusent même d'assurer certains métiers. À la Great-West, par exemple, on n'assure pas les chauffeurs de taxi, dit la directrice, prestations du vivant, Sylvie Paillé.

Qu'est-ce qu'on assure?

L'assurance invalidité vise à indemniser une personne, pas à l'enrichir. C'est pourquoi les prestations prévues sont toujours fonction de vos revenus.

Si vous gagner 50 000 $ par année, vous ne pouvez pas vous assurez pour recevoir des indemnités de 100 000 $. Et vous devrez bien sûr prouver vos revenus à l'assureur, soit en lui montrant votre déclaration d'impôts, ou encore en démontrant que vous avez des contrats avec des clients. À noter que dans une police individuelle, les prestations sont non imposables.

Deux types de contrats

Dans l'industrie on retrouve deux grandes catégories de contrat type.

1.Les polices à renouvelle ment garanti. L'assureur peut modifier les condi tions du contrat en cours de route, généralement une fois par année. Si vous changez de métier, si votre état de santé se détériore, ou si vos revenus fluctuent, il est quasi certain que l'assureur voudra modifier les conditions de votre police, soit en augmentant les primes, ou en ajoutant des exclusions (par exemple, en refusant de vous indemniser pour un mal de dos ou une dépression).

2.Les polices avec garantie de renouvellement ou ir révocables. Dans ce type de police- qui coûte un peu plus chère-, les conditions sont fixées au départ et ne peuvent être modifiées par l'assureur- généralement jusqu'à 65 ans-, même si votre situation change en cours de route.

Si vous changez de métier, ou que votre santé se détériore, vos primes n'augmenteront pas. De même, si vos revenus chutent brusquement, les prestations en cas d'invalidité vous seront versées en fonction du revenu prévu dans le contrat.

" C'est la Cadillac de l'assurance invalidité! " dit Claudine Cloutier, directrice, prestations du vivant, au Groupe Cloutier, cabinet en services financiers.

Parce que les assureurs s'engagent pour longtemps, ils sont plus prudents avant d'accorder ce type de police. Ils ciblent donc les métiers à hauts revenus, où la stabilité d'emploi est reconnue: avocats, comptables, médecins, dentistes.

Un travailleur autonome qui vient de lancer une entreprise de graphisme, par exemple, n'aurait aucune chance d'obtenir une telle assurance. Il aurait plutôt intérêt à souscrire d'abord à une police à renouvellement garanti, estime André Joncas, conseiller en sécurité financière à monconseiller.ca

" Au bout de quelques années, si les revenus sont stables et prévisibles, il pourrait alors obtenir une police irrévocable. "

Avant de souscrire...

Gare aux définitions. Avant de souscrire à une police, assurez-vous que la définition de l'invalidité vous convienne. En gros, on retrouve deux définitions dans l'industrie. La première stipule que vous serez indemnisé si et seulement si votre invalidité vous rend incapable d'accomplir les tâches de votre profession habituelle. Par exemple, si vous êtes plombier et avez les deux jambes cassées, il est évident que vous ne pouvez plus exercer votre métier. Vous serez alors indemnisé.

Cette définition est présente dans la plupart des contrats. Certaines polices la proposent pour la durée du contrat, mais en général cette définition n'est valide que pour les deux premières années d'indemnisation. Après cette période, elle devient un peu plus contraignante, car elle dit que vous serez indemnisé, si et seulement si votre invalidité vous rend incapable d'accomplir tout genre de travail pour lequel vous êtes raisonnablement apte à faire en fonction de votre formation et votre expérience.

Ainsi, vous n'êtes peut-être plus en mesure de réparer la tuyauterie, mais êtes probablement apte à enseigner aux futurs plombiers. Dans bien des cas, l'assureur ira jusqu'à offrir des cours de formation aux assurés afin de les aider à se trouver un nouvel emploi.

Attention aux exclusions. Prenez le temps de lire le contrat ou de bien vous faire expliquer les exclusions inscrites au contrat. Car il peut y en avoir beaucoup selon les assureurs.

Les plus répandues? Les exclusions pour le mal de dos, la dépression et le surmenage professionnel.

Délai de carence. C'est le délai entre le moment de votre invalidité et celui où vous commencez à touchez vos prestations. Vous pouvez choisir un délai de 30, 60, 90 ou 120 jours. Si vous avez un petit coussin financier, il est plus avantageux d'opter pour un délai plus long, car vos primes seront moins élevées. C'est un peu le même principe qu'une franchise dans une police d'assurance automobile: plus la franchise est élevée, moins les primes coûtent chères.

L'assurance maladies graves

L'assurance maladies graves paie un montant forfaitaire à la suite du diagnostic d'une des maladies couvertes. Selon les assureurs, on peut se couvrir contre cinq, 10, voire 25 maladies et plus. La police est accordée sensiblement selon les mêmes critères qu'une assurance vie: votre état de santé, votre âge, si vous fumez ou non. Est-ce vraiment utile, si l'on a déjà souscrit à une assurance invalidité? Tout à fait, estime Nathalie Tremblay, chef des produits assurance santé, chez Desjardins Sécurité financière. Selon elle, lorsqu'un individu apprend qu'il est atteint d'un cancer, par exemple, sa vie bascule pour toujours. Il a peut-être envie de travailler moins, de se faire traiter à l'étranger, de régler entièrement ses dettes, etc. De plus, une personne atteinte d'un cancer ne devient pas nécessairement invalide dès l'annonce du diagnostic, souligne Claudine Cloutier; elle devra donc continuer de travailler jusqu'au moment des traitements avant de toucher ses prestations d'assurance invalidité. Avec une assurance maladies graves, en revanche, elle touche un montant forfaitaire 30 jours après le diagnostic.

Stratégie en trois étapes

Assurance invalidité, assurance maladies graves, assurance pour soins de longue durée... Si vous vous demandez laquelle de ces assurances convient le mieux à votre situation, Nathalie Tremblay, de Desjardins Sécurité financière, a une réponse pour vous: toutes! " À condition de les acquérir au bon moment ", dit-elle. Pour illustrer ses propos, elle donne l'exemple d'un jeune couple de 25 ans. À cette période de leur vie, les tourtereaux devraient souscrire à une assurance invalidité et ajouter une petite police maladies graves, environ 10 000 $ de protection. Vers 35-40 ans, le couple devrait augmenter sa protection maladies graves, aux alentours de 50 000 $ pour chacun des conjoints. Enfin, à partir de 50 ans, ils devraient souscrire à une assurance pour soins de longue durée et hausser encore une fois la protection pour maladies graves. Les assurances-prêts L'assurance invalidité, c'est bien, mais ça ne couvre que 60 à 80 % de vos revenus. C'est pourquoi les institutions financières ont développé des assurances " chapeaux " qui permettent de régler ou de payer vos dettes si vous devenez invalide. Une nécessité? Oui, selon Georges Ferland, vice-président et chef des opérations assurance vie, à la Banque Nationale. Voici quelques exemples: Assurance pour emprunt hypothécaire. L'assurance invalidité greffée à une hypothèque couvre les paiements hypothécaires durant votre convalescence, généralement pendant 24 mois. Contrairement à l'assurance invalidité traditionnelle, l'approbation est automatique. L'assurance maladies graves paie le solde de l'hypothèque si vous êtes atteint d'un cancer, subissez un AVC ou une crise cardiaque.

Assurance pour solde de cartes de crédit. Couvre les paiements mensuels minimums. Le solde maximal assurable est généralement de 10 000 $.

Assurance marge de crédit. Même principe que pour les cartes de crédits; couvre les paiements minimums durant la convalescence.

Assurance soins de longue durée

La population vieillit, les coûts du système de santé explosent, les places dans les centres d'hébergement sont limitées. Rien de rassurant pour ceux qui auront besoin de se faire soigner dans les prochaines années. La solution? Une assurance pour soins de longue durée qui permet de toucher des prestations journalières ou mensuelles afin de se payer des soins à domicile ou de se faire soigner dans un établissement privé. C'est pour vous? Si vous avez 50 ans et plus, la réponse est oui, estiment les experts. Deux formules sont proposées:

1) Remboursement de factures: permet de payer les soins médicaux à domicile ou dans un établissement privé. Mais il faut montrer patte blanche, c'est-à-dire fournir les factures pour se faire rembourser.

Et attention, pas question d'embaucher un parent, la personne qui fournit les soins doit absolument être quelqu'un de reconnu par les services médicaux.

2) À revenu mensuel: verse un montant mensuel pour payer les soins... sans aucune preuve à fournir.

L'inconvénient? Les primes coûtent deux fois plus chères!

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