Véronique Berthiaume vendait des assurances pour Desjardins sans trop de conviction, jusqu'au jour où l'une de ses copines est décédée.

Véronique Berthiaume vendait des assurances pour Desjardins sans trop de conviction, jusqu'au jour où l'une de ses copines est décédée.

«Ç'a été un choc! raconte-t-elle. Malgré son jeune âge, cette amie avait réalisé tout ce qu'elle voulait. Je me suis alors demandé ce que je désirais faire de ma vie.»

Après quelques rencontres avec une conseillère d'orientation et plusieurs semaines d'introspection, la jeune femme s'est découvert une passion pour la gérance d'artistes. Pendant neuf mois, elle a mené de front son emploi d'agente d'assurances et ses cours de soir à l'École du Show-Business.

Aujourd'hui, Véronique Berthiaume gère sa propre compagnie, Buzz Communications, qui représente, entre autres, Luc De Larochellière et Mes Aïeux. Elle est également coordonnatrice de projet pour la soprano Natalie Choquette.

Ce virage professionnel réussi ne s'est pourtant pas fait sans heurts. Elle a vivoté de contrat en contrat pendant un temps. Ses parents ont désapprouvé son choix.

«Un changement de carrière, c'est comme un jeu de dominos: il y a des répercussions sur toutes les sphères de ta vie», constate-t-elle.

C'est pourquoi il faut longuement mûrir sa décision avant de faire le grand saut.

«Les gens qui réfléchissent à une transition de carrière ne sont pas toujours conscients de l'impact que leur choix aura sur leur famille, leurs finances, leur horaire, leur énergie à se trouver un travail et leur possible retour à l'école, observe Martine Lemonde, directrice des services professionnels chez la firme Brisson Legris. Si on ne prend pas le temps d'y penser, on risque de frapper un mur.»

Changer de carrière en quatre étapes

Avant de chambarder sa vie sur un coup de tête, il vaut mieux s'asseoir pour dresser la liste de ses insatisfactions, recommande Martine Lemonde.

«Au début, l'énumération des inconforts est souvent confuse, mais la personne doit les catégoriser, explique celle qui est aussi conseillère d'orientation. Est-ce que ce désagrément concerne les tâches, l'environnement de travail ou les valeurs du travailleur?»

Cette première étape permet de distinguer la transition de carrière du changement d'emploi.

«Si je ne supporte pas mon boss, je ne suis pas en transition de carrière, illustre Mme Lemonde. Je suis plutôt en train de conclure que je dois me trouver un nouvel emploi. Si, au contraire, je m'aperçois que mes tâches ne me plaisent pas, je devrais songer à changer de profession.»

La coach-stratégiste Yannick Bouguyon conseille de mettre cette liste par écrit. «Ruminer tout ça dans sa tête ne peut que générer de l'anxiété», remarque-t-elle.

Deuxième étape: s'interroger sur ce qu'on est prêt à faire pour apporter des changements à sa carrière.

«Certaines personnes ne sont pas prêtes à retourner sur les bancs d'école ou à faire des compromis financiers, par exemple, dit Martine Lemonde. Elles comprennent rapidement que ce n'est pas un bon moment pour effectuer une transition.»

Une fois ces paramètres établis, le travailleur identifie ses compétences et ses intérêts pour les comparer à une sélection d'emplois.

«La personne fera des liens entre ses facteurs de risque et les possibilités de carrière, poursuit-elle. Elle sera alors consciente du chemin à parcourir pour y arriver.»

Selon Yannick Bouguyon, la recherche d'emploi doit se faire à partir de critères autres que ceux de la rémunération, des avantages sociaux et du nombre de diplômes requis. «On doit se laisser emporter par ses ambitions», insiste-t-elle.

La dernière étape, mais non la moindre, est celle de la cueillette d'informations. Le travailleur dresse un plan d'action en fonction de chaque option d'emploi. Doit-il étudier de nouveau? Pendant combien de temps? Quels sont les débouchés? Sera-t-il travailleur autonome?

«Un ménage se fera selon un principe d'entonnoir où l'on conserve les possibilités plus réalistes, indique Martine Lemonde. C'est la partie la plus importante, car son impact est très grand sur la motivation.»

L'enthousiasme du changement peut en effet s'affaiblir devant des embûches inattendues. Véronique Berthiaume a connu ces moments de découragement.

«C'est grâce à mon leitmotiv que j'ai surmonté les difficultés: persévérance, patience et passion», confie-t-elle. C'est d'ailleurs la première chose qu'elle enseigne aujourd'hui à ses étudiants à l'École du Show-Business.

Comment annoncer sa décision à son employeur?

Ça y est, vous faites un virage professionnel à 180 degrés. Comment le dire à votre boss?

«L'employé doit d'abord clarifier pour lui-même ce qu'il veut obtenir de cette rencontre, conseille la coach-stratégiste Yannick Bouguyon. Pour ce faire, il peut mettre par écrit les points à aborder. Il expliquera son choix à son patron, mais ne se justifiera pas. Cela pourrait signifier qu'il n'est pas en accord avec lui-même. Enfin, l'employé doit annoncer d'emblée comment il veut quitter. Quand partira-t-il? À qui léguera-t-il ses dossiers? Une discussion peut suivre par la suite, mais l'important est de ne pas laisser le patron mener le jeu.»