Les prix du brut sont tombés mercredi sous la barre des 58 dollars, portant leurs pertes à 8% cette semaine, le nouveau renflouement des stocks aux Etats-Unis ayant rassuré un marché désormais inondé de pétrole à l'approche de l'hiver.

Les prix du brut sont tombés mercredi sous la barre des 58 dollars, portant leurs pertes à 8% cette semaine, le nouveau renflouement des stocks aux Etats-Unis ayant rassuré un marché désormais inondé de pétrole à l'approche de l'hiver.

Sur le marché de New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre est tombé au plus bas depuis le 16 février, à 57,75 dollars. Il remontait de 17 cents à 58,85 dollars vers 16H00 GMT.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord reculait de 13 cents à 58,30 dollars, après avoir lui aussi fait une incursion sous les 58 dollars, tombant au plus bas depuis le 30 décembre 2005, à 57,70 dollars.

C'est le troisième jour consécutif de repli des prix, qui ont cédé plus de 5 dollars, soit 8%, depuis vendredi. Ils ont chuté de 27% depuis les records de plus de 78 dollars d'il y a deux mois.

Les investisseurs ont réagi mercredi à l'annonce par le département américain de l'Energie (DoE) d'une hausse généralisée des stocks pétroliers la semaine dernière aux Etats-Unis.

Les réserves de brut ont progressé trois fois plus que prévu, à un niveau 6,7% supérieur à celui de l'an dernier à la même époque. Celles de produits distillés, qui comprennent le diesel et le fioul de chauffage et sont à ce titre capitales pour l'hiver, ont augmenté moins que prévu (de 200.000 barils), mais elles sont à leur plus haut niveau depuis janvier 1999 et en hausse de 18% sur un an.

Quant aux stocks d'essence, ils sont près de 10% au-dessus de leur niveau d'il y a un an.

"Le marché a été surpris par la hausse des stocks de brut", explique Deborah White, analyste à la Société Générale.

"Les stocks sont à de très hauts niveaux: ceux de brut sont énormes, ceux d'essence ont progressé continuellement depuis quatre semaines, ceux de fioul de chauffage atteignent de nouveaux records et ceux de diesel ont grimpé de moins de 80 millions de barils à près de 90 millions en cinq semaines", note-t-elle.

"Le marché est surapprovisionné en brut depuis un moment et depuis un mois, il est de plus en plus surapprovisionné en essence et en produits distillés", souligne l'analyste.

Face à l'abondance des stocks, le marché se montre actuellement peu soucieux du regain de violence au Nigeria, où l'enlèvement de cinq autres employés du secteur pétrolier a été signalé mardi. Il ne s'inquiète pas trop non plus de la crise avec l'Iran sur le nucléaire.

Le gouvernement américain a d'ailleurs estimé mardi que les réserves stratégiques de pétrole, détenues par les Etats-Unis et le reste du monde en cas d'urgence, pouvaient compenser un arrêt complet des exportations de brut de l'Iran pendant environ 18 mois, rapportaient des analystes.

Les craintes d'un cyclone majeur dans le golfe du Mexique, où se trouvent de nombreuses plateformes pétrolières, se sont également dissipées. Mardi, le météorologue William Gray de l'Université du Colorado a prédit que la saison cyclonique ne verrait plus de que deux tempêtes tropicales d'ici fin novembre dans l'Atlantique.

"Même l'Opep n'agit pas en ce moment, et c'est probablement ce qui affecte le plus (les prix) car (ses membres) ne paraissent pas vouloir défendre les prix du pétrole aux niveaux actuels", observe Michael Davies, analyste à la maison de courtage Sucden.

En dépit du net repli du prix du baril, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne prévoit en effet pas de se réunir avant la prochaine réunion prévue en décembre au Nigeria.

Jusqu'à présent, seuls le Venezuela et le Nigeria ont décidé, sur une base volontaire, de réduire leur production de brut pour tenter de faire rebondir les prix. Les autres membres du cartel n'ont pas encore répondu à l'appel lancé mardi par leur président, le Nigérian Edmund Daukoru, d'abaisser leur offre.

pf/cfe