Quand des athlètes de haut niveau se hissent au sommet des organisations, leur expérience sportive inspire leur gestion autant, sinon plus, que leur formation.

Quand des athlètes de haut niveau se hissent au sommet des organisations, leur expérience sportive inspire leur gestion autant, sinon plus, que leur formation.

Manon Simard, une ancienne championne du 100 mètres dos, est directrice des sports du Centre d'éducation physique et des sports de l'Université de Montréal (CEPSUM).

Elle chapeaute les programmes de ses 300 athlètes d'élite, les événements ainsi que des activités sportives grand public.

Son CV est garni de diplômes et de victoires lors des plus importantes compétitions nationales et internationales de natation.

Manon Simard quitte sa Côte-Nord natale en 1984 pour joindre un club d'élite de Brossard - le Samak. Elle a 15 ans. Ses parents et elle choisissent alors ensemble son entraîneur Alain Lefebvre. Il la guidera vers les plus hauts sommets de son sport.

À l'hiver 1992, elle se prépare en même temps à entrer à la maîtrise en ressources humaines à HEC Montréal et à participer aux Jeux olympiques de Barcelone.

Elle nage vite et bien jusqu'à ce qu'un vilain abcès à une dent vienne stopper ses espoirs sportifs. La dent guérit mais plus rien n'est pareil.

«Mon corps m'a lâchée. J'étais allée au bout de mes limites physiques. Ma forme n'est jamais revenue», raconte-t-elle.

Trois semaines avant la sélection olympique, elle est acceptée à HEC. Elle décide de tourner la page de la natation. «Après ma maîtrise, je voulais un poste en gestion dans un autre milieu», précise-t-elle. En 1995, un appel du CEPSUM bouscule ce plan. Elle accepte un poste de gestion, qu'elle occupe depuis comme un poisson dans l'eau.

«Ma formation est utile mais j'ai appris beaucoup plus comme athlète. Cette expérience teinte quotidiennement ma gestion», dit-elle.

Sa connaissance du monde des athlètes d'élite est bien sûr un atout. Mais ses plus précieux acquis viennent du sport.

«J'ai appris la gestion de l'énergie et celle, tout aussi importante, du repos. J'ai appris à maintenir l'équilibre entre les différentes facettes de ma vie et à accorder à mes performances d'athlète une place importante mais relative dans l'ensemble de ma carrière», dit-elle.

Manon Simard observe que la plupart des gens qui ont fait un double cheminement sont performants au travail. «Chaque sport, chaque discipline artistique a sa culture. Mais tous, à leur façon, exigent le dépassement et un grand souci des résultats», dit-elle.

Vite sur leurs patins

Christian Du Perron, directeur des comptes nationaux de Frito-Lay, et Mario Paradis, vice-président, administration et affaires juridiques ainsi que secrétaire général de la biotech Aeterna Zentaris, ont beaucoup en commun.

Ces anciens défenseurs ont été capitaines de leur équipe respective dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Ils ont joué dans des ligues universitaires pendant qu'ils étudiaient en affaires. Ils sont également parmi les premiers boursiers, comme Manon Simard, d'ailleurs, de la Fondation de l'athlète par excellence du Québec.

Même s'ils ont accroché depuis longtemps leurs patins de hockeyeurs d'élite, ils puisent chaque jour dans leurs acquis sportifs pour leur travail.

«J'ai appris très jeune à gérer le stress et la pression. Je connais l'importance de l'équipe et de l'esprit de camaraderie dans la victoire. Au hockey, il faut aller chercher le meilleur de chacun et jouer vraiment ensemble. C'est vrai dans mon poste actuel», dit Christian Du Perron.

Il travaille à temps plein depuis 1990 après avoir joué pendant un an dans une équipe professionnelle britannique. À 18 ans, il avait touché d'un fil la Ligue nationale de hockey en faisant le camp d'entraînement des ex-Whalers de Hartford.

Donner de la glace

À Frito-Lay, il agit parfois à titre de coach pour des collègues. «Les bons entraîneurs donnent de la glace et des responsabilités à leurs joueurs. C'est ce que j'essaie de faire», dit-il.

Mario Paradis, lui, est passé des Patriotes de Trois-Rivières, dans la ligue universitaire, à un grand cabinet comptable de Québec, en 1988. Il s'est joint à Aeterna Zentaris, une société inscrite en Bourse, en 1999.

«Le sport nous apprend à gérer le stress mais, plus encore, à prendre des décisions. C'est fondamental en gestion et ça ne s'enseigne pas. Au hockey, il faut lire le jeu, prendre une décision et réagir rapidement. En affaires, c'est pareil», dit-il.

Autre leçon: «Un bon coach est conscient que ses joueurs, sur le terrain, voient des choses qu'il ne voit pas. Il les écoute, les soutient tout en les rendant responsables de leurs actions.»