Après avoir perdu des centaines de millions de dollars à Hollywood, la Caisse de dépôt n'est pas très enthousiaste à l'idée de réinvestir dans l'industrie du cinéma, comme le font la Société générale de financement et le Fonds de solidarité FTQ.

Après avoir perdu des centaines de millions de dollars à Hollywood, la Caisse de dépôt n'est pas très enthousiaste à l'idée de réinvestir dans l'industrie du cinéma, comme le font la Société générale de financement et le Fonds de solidarité FTQ.

La Caisse a liquidé toutes ses placements dans l'industrie du cinéma, a fait savoir hier son porte-parole Gilles Des Roberts. "On n'a plus d'intérêts dans ce secteur", a-t-il dit.

Entre 2000 et 2003, la Caisse avait investi 300 millions pour percer à Hollywood. Sa filiale baptisée CDP Capital Entertainment avait acheté pour 100 millions de dollars d'actions de MGM, le major américain qui devait lui ouvrir les portes de l'industrie, ce qui ne s'est pas produit.

Aujourd'hui c'est au tour de la SGF, qui a décidé d'investir 18 millions dans un projet de 15 films avec un producteur d'Hollywood, et du Fonds de solidarité FTQ, qui projette de faire la même chose. "Ce qui nous intéresse, ce sont les productions étrangères et aussi les postproductions. Il y a beaucoup d'emplois dans ça, des emplois intéressants et bien payés", a expliqué hier le porte-parole du Fonds, Mario Tremblay.

Le producteur américain Edward Pressman, qui est prêt à s'engager à tourner 12 films à Montréal avec l'aide financière du Fonds, viendra au Québec dans les prochaines semaines pour faire avancer ce partenariat.

Le Fonds de solidarité veut profiter de cette visite pour intéresser d'autres investisseurs. "On va inviter d'autres institutions avec lesquelles on est habitués de travailler", a fait savoir Mario Tremblay.

Le porte-parole de la Caisse de dépôt a laissé entendre qu'il serait très étonnant que l'institution revienne dans un secteur qui lui a laissé de si mauvais souvenirs.

Entre autres choses, la Caisse a dû payer très cher pour se débarrasser de son partenaire, Henry Winterstern.

Du côté de la SGF, on estime que le projet du Fonds "est encore trop embryonnaire", mais la société d'État n'écarte rien. "On n'est pas dans le portrait pour l'instant", a dit sa porte-parole Marie-Claude Lemieux.

Desjardins Capital de risque, pour sa part, montre un peu d'intérêt pour le projet du Fonds de solidarité. Son président, Louis Roquet, a indiqué qu'il travaille avec le Fonds depuis longtemps et qu'il regardera certainement le projet de films s'il est invité à le faire.

Selon la SGF, qui a causé une certaine surprise en se lançant la production de films après plusieurs mois d'inactivité, les perspectives de rendement sont très bonnes, même si elles sont liées au succès obtenu au box-office. "On ne s'est pas lancés là-dedans à tâtons, a assuré Marie-Claude Lemieux. On a des attentes de rendement de 10% minimum, sans compter les retombées économiques pour le Québec."

La SGF financera 15 films du producteur hollywoodien Joel Silver, dont six seront tournés au Québec, pour un total de 270 millions. Le projet du Fonds de solidarité avec Edward Pressman prévoit le tournage au Québec de 12 films dont le budget moyen serait de près de 40 millions US, soit des investissements globaux de plus de 500 millions canadiens.

Pour le patron des studios Mel's, Michel Trudel, l'arrivée de la SGF et du Fonds de solidarité dans le secteur du cinéma est une excellente nouvelle. L'industrie américaine du cinéma a beaucoup d'argent, convient-il, mais il lui en faut toujours plus.

Selon lui, chaque grosse production donne de l'emploi à entre 100 et 250 personnes pendant 6 à 12 semaines. "C'est très positif pour le Québec", dit celui qui a invité Edward Pressman à visiter ses installations et qui l'a mis en contact avec le Fonds de solidarité FTQ.

Les tournages de films étrangers (surtout américains) au Québec ont périclité entre 2002 et 2005, notamment à cause de la hausse du dollar canadien. Ils ont repris en 2006, en partie à cause des crédits d'impôt améliorés accordés par le gouvernement Charest à la fin de 2004, lui qui les avait réduits en arrivant au pouvoir.