La France viticole a vu glisser de 51 % à 36 % ses parts de marché de 2002 à 2006 sur le marché du Québec, tout en restant néanmoins le numéro un incontesté parmi la quarantaine de pays auprès desquels s'approvisionne la SAQ.

La France viticole a vu glisser de 51 % à 36 % ses parts de marché de 2002 à 2006 sur le marché du Québec, tout en restant néanmoins le numéro un incontesté parmi la quarantaine de pays auprès desquels s'approvisionne la SAQ.

Selon ces données, rendues publiques récemment par la société d'État, l'Italie est demeurée pour sa part exactement au même niveau qu'en 2002, avec exactement 24 % en volume, ce qui la situe au deuxième rang.

Suit l'Espagne, en troisième place, avec une part de marché qui est passée de 6 à 9 % pendant la même période.

Comment expliquer ce recul de la France, laquelle reste sans égale pour ce qui est de la diversité et de la qualité d'ensemble de ses vins? Avec, comme on le sait, la seule Italie comme plus proche concurrent.

Selon Yanick Coutié, de la Sopexa (Société pour l'expansion des exportations agro-alimentaires, de France), c'est avant tout à la diminution marquée des ventes de vins de table- c'est-à-dire sans appellation- qu'il faut attribuer ce fléchissement.

" Le consommateur québécois a davantage tourné son choix vers des vins de meilleure qualité, d'appellations contrôlées et de cépage ", dit-il.

Ainsi, signale-t-il, les vins de cépage français (identifiés principalement par la variété avec laquelle ils ont été élaborés), ont vu leurs ventes progresser " de 15 % " de 2000 à 2005.

Pour les vins de cépage des autres pays, la progression a atteint " 5 ou 6 % ", ajoute-t-il.

La concurrence des autres pays y est aussi pour quelque chose, reconnaît-il, des pays tels que l'Australie et l'Argentine ayant enregistré au cours des dernières années des progressions annuelles importantes- jusqu'à 40 % par année et même parfois davantage.

Mais ceci, bien sûr, en partant de performances antérieures beaucoup moindres.

" Quand on est à une part de marché de 51 % comme l'était la France en 2002, on peut difficilement gagner des parts de marché de 25 ou 40 % par année ", fait-il observer.

Prix de consolation pour la France: en valeur, la portion qui est la sienne dépasse le pourcentage (36 %) qui lui revient côté volume.

Celui-ci se situerait en ce moment, en effet, à environ 45 %, en raison du prix élevé de bon nombre de vins français de haut de gamme- du Bordelais, de la Bourgogne, de la Champagne, etc.

" Fin 2004 et début 2005, la France était à environ 55 % en valeur ", note pour sa part Yanick Coutié, directeur groupe conseil et développement des affaires.

Il poursuit: " La France, selon nous, va encore bien au Québec. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle de voir le consommateur se tourner vers des produits de meilleure qualité. "

D'après les données communiquées par la SAQ aux agences qui représentent au Québec les fournisseurs étrangers, à l'occasion d'une rencontre avec celles-ci à la mi-septembre, c'est une région viticole française, à savoir le Languedoc, qui occupe toujours la première place, en valeur et en volume.

De la mi-août 2005 à la mi-août 2006, le Languedoc a en effet vendu sur le marché québécois plus de 739 000 caisses de 12 bouteilles de vin (750 millilitres), pour une valeur de 110,2 millions de dollars.

Toutes régions viticoles confondues, l'Espagne, au deuxième rang, s'en tire avec plus de 707 000 caisses et 92,3 millions.

Bordeaux suit, en troisième place, avec 363 000 caisses et 89,3 millions dans son tiroir-caisse, soit presque autant, en valeur, que l'Espagne.

L'explication: le prix moyen de la bouteille de bordeaux vendue comme produit courant (dans de multiples succursales) s'élève à 16,12 $, soit nettement plus que dans le cas des vins espagnols (10,08 $) et du Languedoc (11,75 $).

" Il faut prendre en considération le fait qu'en même temps qu'il y a baisse de la part de marché de la France, il y a hausse de la consommation ", souligne le président d'une grande agence montréalaise qui a requis l'anonymat.

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