Après la succession de scandales, d'enquêtes et de procès qui déferlent sur Ronald Weinberg, on pourrait penser que l'ex-président de Cinar a des soucis plus graves qu'un «problème d'image».

Après la succession de scandales, d'enquêtes et de procès qui déferlent sur Ronald Weinberg, on pourrait penser que l'ex-président de Cinar a des soucis plus graves qu'un «problème d'image».

Mais à la suggestion de son nouvel avocat, Me Jean Lozeau, M. Weinberg a engagé vendredi dernier un relationniste professionnel spécialisé dans la gestion de crise.

«C'est une réalité, des causes comme celles-ci sont complexes. Il faut avoir la disponibilité et la capacité de vulgarisation nécessaires si on veut que la position (de M. Weinberg) exprimée en cour ait un traitement équitable dans les médias», a dit Me Lozeau, qui a accepté au vol, vendredi dernier, le mandat de représenter M. Weinberg dans le spaghetti de causes qui impliquent son nouveau client.

Le relationniste s'appelle Gilles Corriveau, le même qui avait été engagé par l'imprésario et producteur Guy Cloutier quand il a été accusé d'agression sexuelle.

«À ce moment, Guy Cloutier m'avait engagé pour représenter l'entreprise Productions Guy Cloutier, avec le mandat de préserver la réputation de l'entreprise, à travers cette crise», a dit M. Corriveau.

Le scandale des commandites a aussi amené du travail à M. Corriveau, quand une firme dont Paul Coffin est actionnaire, LCC Vins et spiritueux, de Montréal, a voulu éviter d'être éclaboussée par l'affaire et la condamnation pour fraude.

«La firme n'avait rien à voir avec le scandale des commandites, mais elle aurait pu être éclaboussée par association.»

Sur son site Internet, Énigma Communications (la firme fondée par M. Corriveau en 1988) affiche une liste de clients qui comprend surtout des entreprises et des associations.

«Il y a quelques années, j'ai aidé Lactel à gérer le rappel de 700000 livres de beurre partout dans le monde.»

Mais il dit remarquer que les affaires judiciaires lui amènent de plus en plus de clients. «Ce n'est pas aussi développé qu'aux États-Unis, où les lois très différentes des nôtres ont favorisé la naissance d'une spécialité dans la communication liée aux litiges. Mais je travaille de plus en plus avec le juridique.»

Me Lozeau dit que M. Corriveau n'apporte rien à sa cause en cour: «Je sais comment me représenter devant un juge. Mais pas devant les médias.»

Or, dans une cause hautement médiatisée, Me Lozeau estime qu'il n'est pas dans l'intérêt de son client d'ignorer le rôle des médias, qui forment l'opinion publique. «Et le poids de l'opinion publique pèse aussi sur le juge qui, tout impartial qu'il soit, a à subir ce poids.»

C'est une préoccupation croissante de certains avocats. D'ailleurs, M. Corriveau a récemment été invité à participer à une conférence du Barreau, à Montréal, avec l'avocate de Guy Cloutier, Sophie Bourque (depuis nommée juge), ainsi qu'un spécialiste du droit des médias, Me Marc-André Blanchard.

«J'ose espérer que l'opinion publique n'influence pas les juges, dit M. Corriveau. Mais c'est un aspect qu'on ne peut pas mesurer.»

Un acte de foi qui n'enlève rien à la nécessité de bien expliquer en dehors de la cour la position de ses clients devant le tribunal. «La stratégie médiatique soutient la stratégie juridique», dit-il.

Aussi bien Me Lozeau que M. Corriveau ont indiqué être trop frais dans le dossier Cinar pour avoir choisi une stratégie.

Mais M. Corriveau a quand même une première impression des enjeux médiatiques: «Je trouve que la glace a été occupée seulement par l'autre équipe», dit-il.

Quand on lui fait remarquer que M. Weinberg n'était même pas en cour, M. Corriveau admet: «Ça n'a pas aidé...»

Notons enfin que Ronald Weinberg pourrait ne pas avoir à répondre à une accusation d'outrage au tribunal pour ses absences répétées, depuis un mois, durant les procédures civiles découlant du scandale Cinar.

Son avocat Jean Lozeau a indiqué mardi que la requête en outrage au tribunal sera retirée si M. Weinberg dépose d'ici vendredi une liste de tous ses actifs.

M. Weinberg avait été sommé de produire cette liste d'actifs pour le 23 novembre, ce qu'il n'a pas fait.