Tantôt à 30 $, tantôt à 10 $. Le titre de Neurochem (T.NRM) n'en finit plus de connaître des poussées d'humeur à la Bourse de Toronto.

Tantôt à 30 $, tantôt à 10 $. Le titre de Neurochem [[|ticker sym='T.NRM'|]] n'en finit plus de connaître des poussées d'humeur à la Bourse de Toronto.

Mardi, l'action de Neurochem a terminé la journée à 14,58 $, en hausse de 16 cents.

Il faut dire que l'avenir de cette biopharmaceutique québécoise est loin d'être assuré. Neurochem, fondée et dirigée par le coloré Francesco Bellini - fondateur de l'ancienne Biochem Pharma, qui a découvert la trithérapie contre le sida - , devrait toutefois être bientôt fixée sur son sort, avancent plusieurs analystes.

D'ici la fin juin, la direction devrait d'ailleurs dévoiler les résultats de ses essais cliniques de phase III - la dernière avant la commercialisation - , menés sur son produit-vedette, l'Alzhemed, un traitement expérimental contre la maladie d'Alzheimer.

Des résultats prometteurs propulseraient alors le titre de Neurochem vers des sommets. Des résultats décevants auraient plutôt l'effet contraire.

Ces temps-ci, la plupart des analystes attribuent l'engouement du marché pour Neurochem à l'Alzhemed. Avec 4,5 millions d'Américains atteints d'Alzheimer et un marché pour un éventuel traitement évalué à près de 3 milliards $US, on comprend d'ailleurs un peu mieux une telle excitation.

On comprend également pourquoi la direction de Neurochem mise beaucoup sur ses prochains résultats tout en demeurant très prudente sur l'évolution de ses essais cliniques.

Mais combien vaut Neurochem ? Un calcul rationnel commande de réduire la recommandation sur l'action, souligne l'analyste Philippa Flint, de RBC Marchés de capitaux, qui vient d'émettre une recommandation de vente à 13 $ l'action.

L'analyste rappelle que le titre de Neurochem est exposé à d'importants facteurs de risques associés au développement d'un tel traitement contre la maladie d'Alzheimer.

Or, selon cette dernière, Neurochem devrait présenter en juin des données négatives sur l'Alzhemed. Elle croit cependant que la société pourrait persévérer et continuer à travailler avec des sous-groupes de patients dont le traitement répond bien. L'Alzhemed pourrait alors être efficace pour ces derniers à plus long terme.

Autre facteur à considérer : l'absence de traitement pouvant limiter la progression de la maladie d'Alzheimer pourrait jouer en faveur de Neurochem, haussant les chances d'approbation partielle de l'Alzhemed.

Résultat : la route sera longue, prévient l'analyste Flint. Elle estime entre autres que deux nouvelles études cliniques devront alors être menées avant d'obtenir le feu vert final de la Food and Drug Administration (FDA). On sera alors en 2010.

L'analyste de RBC Marchés de capitaux prévoit que l'Alzhemed pourrait alors s'approprier 2 % du marché, générant au passage 236 millions $ (1,49 $ par action) pour Neurochem dès la première année (2010) de sa commercialisation.

Moins optimiste, l'analyste Jonathan Aschoff chez Brean Murray Carret, de New York, s'attend pour sa part à un échec pour Neurochem sur toute la ligne avec son traitement visant à freiner le développement de l'Alzheimer.

Selon lui, l'Alzhemed comparé au placebo devrait démontrer la même efficacité. Il fixe donc un cours cible sur le titre à 1 $US, soit la valeur résiduelle qu'il attribue à l'entreprise.

Sceptique également à l'égard de Neurochem, David Dean, de Sprott Securities, appelle pour sa part à la prudence. Bien qu'il anticipe l'échec de l'Alzhemed pour Neurochem, il pense que le titre de la biopharmaceutique ne devrait pas valoir plus de 5,50 $.