Rien ne va plus pour Labopharm (T.DDH), dont le titre n'en finit plus de dégringoler depuis l'annonce de résultats jugés décevants jeudi dernier.

Rien ne va plus pour Labopharm [[|ticker sym='T.DDH'|]], dont le titre n'en finit plus de dégringoler depuis l'annonce de résultats jugés décevants jeudi dernier.

Le titre de la pharmaceutique de Laval a plongé de près de 28% à la Bourse de Toronto par rapport à son prix de clôture de mercredi dernier, avant que l'entreprise n'annonce les résultats de son deuxième trimestre. Il a glissé de 9,23% mardi seulement, perdant 18 cents pour clôturer à... 1,77$. L'action s'échangeait dans les 7$ pas plus tard qu'en mai dernier.

Claude Camiré, analyste chez Paradigm Capital, n'hésite pas à parler de «sécheresse» pour Labopharm.

«Le court terme n'est pas très florissant, et il n'y a pas de nouveau produit en vue à moyen terme, a-t-il dit à La Presse Affaires. Je dirais qu'on a environ deux ans de période sèche à venir, et c'est ce que les investisseurs voient.»

Il faut remonter au 31 mai dernier pour comprendre les déboires de Labopharm. Une première tuile s'abat alors sur l'entreprise, et tombe en plein sur son produit-vedette, le Tramadol un analgésique que Labopharm a modifié par sa technologie de «libération contrôlée» pour qu'il puisse n'être consommé qu'une fois par jour.

Le produit est déjà commercialisé dans huit pays européens et approuvé dans une quinzaine d'autres. Mais les États-Unis font savoir qu'ils seront plus pointilleux, la Food and Drug Administration (FDA) faisant parvenir une deuxième lettre où elle affirme que «la Société n'a pas fait la preuve de l'efficacité de sa formulation».

Première tuile, premier plongeon: le titre perd 52% de sa valeur en un jour, une glissade dont il ne s'est jamais remis depuis. Restait l'Europe, se disaient les investisseurs.

C'était avant que l'entreprise n'annonce jeudi dernier qu'elle prévoie maintenant un recul des ventes de Tramadol sur le Vieux Continent en deuxième moitié d'année, évoquant «les dynamiques de marché, les défis rencontrés avec certains partenaires et l'impact saisonnier.»

«La seule chose qui aurait pu soutenir le titre, c'est que l'Europe performe bien. Or, l'Europe performe mal», dit Laurence Rulleau, analyste chez Blackmont Capital.

La suite

Labopharm continue de discuter avec la FDA afin de la convaincre de l'efficacité de son Tramadol.

Trois options sont envisagées: effectuer des analyses statistiques additionnelles à partir des données existantes, faire appel de la décision de la FDA, ou refaire carrément son étude de phase III. Mark D'Sousa, chef de la direction financière de Labopharm, a affirmé mardi à La Presse Affaires que l'entreprise devrait faire connaître sa stratégie à ce sujet en début d'automne.

L'analyste Claude Camiré croit que les chances sont de 50% que le Tramadol à prise unique quotidienne soit un jour approuvé aux États-Unis. «Sauf que par le temps qu'il soit approuvé - on croit que ce sera en deuxième moitié de 2008 - il va y avoir de la compétition sur le marché.»

Il souligne que Labopharm est un peu victime des scandales du Vioxx et du Celebrex.

En gros, la FDA aurait décidé de traiter tous les patients qui ont quitté l'étude clinique comme des échecs, une façon de faire inhabituelle et qui n'avait pas été annoncée au préalable.

Le chef de la direction financière, Marc D'Sousa, admet que le temps joue contre Labopharm dans le dossier du Tramadol aux États-Unis.

«Mais ce n'est pas la panique dans la boîte», affirme-t-il, soulignant que l'entreprise possède tout de même 80 millions d'encaisse et deux autres produits dans ses cartons, l'antidépresseur Trazodone et une combinaison de Tramadol et d'acétaminophène.