Ayant l'oeil sur le secteur militaire et les grands contrats commerciaux, Alta Précision prend le virage de l'intégration et entend bien faire sa place au soleil.

Ayant l'oeil sur le secteur militaire et les grands contrats commerciaux, Alta Précision prend le virage de l'intégration et entend bien faire sa place au soleil.

Le ciel semble être la seule limite pour Guillermo Alonso Jr. Le président de la PME d'Anjou veut décrocher un jour de gros contrats avec Airbus, Boeing et autres géants du secteur aérospatial.

Sa compagnie, fondée par son père en 1979, se spécialise dans les trains d'atterrissage et la fabrication de pièces, trouvant surtout ses débouchés dans le domaine militaire avec des clients comme Boeing, Pratt & Whitney et CAE.

Tombé dedans

M. Alonso a pris la relève de son père en novembre 2005, et sa soeur participe à la gestion des affaires. Il fait partie des dirigeants qui semblaient destinés à suivre les traces de leurs parents.

"Je n'ai jamais travaillé ailleurs, lance-t-il. Je suis tombé dedans quand j'étais petit! J'ai commencé à y travailler les fins de semaine pour me faire de l'argent de poche. J'ai aimé ça et j'ai commencé à étudier dans le domaine. Après cela, j'ai appris les rudiments du métier en travaillant sur des pièces. J'ai passé 6 ou 7 ans à la haute direction de la compagnie avant de devenir président."

Avec un chiffre d'affaires annuel de 10 à 15 millions de dollars et plus d'une cinquantaine d'employés, l'entreprise dirigée par l'homme d'affaires de 39 ans oeuvre dans le secteur militaire depuis plus de 20 ans et ne compte pas vraiment sur les acteurs locaux pour survivre.

Se chercherdes débouchés ailleurs

"Aux États-Unis, il y a une foule de compagnies qui peuvent faire vivre les PME québécoises", note M. Alonso.

Selon le jeune PDG, les entreprises d'ici qui concentrent leurs efforts uniquement sur la fourniture de pièces pour les Bombardier, Bell Helicopter et autres gros noms de la province jouent avec le feu.

"Il y a plus de débouchés intéressants aux États-Unis qu'ici, indique M. Alonso. Le domaine commercial, c'est beau, mais quand le secteur connaît des difficultés, le monde militaire devient très intéressant. Quand un Bombardier abolit des centaines d'emplois, ça touche le Québec, mais il y a d'autres issues."

En pleine tourmente suite aux attentats terroristes du 11 septembre, Alta Précision a donné un coup de barre afin de donner une nouvelle orientation à sa stratégie d'affaires. Elle a participé à la mise sur pied de JSR2 Aérospatiale (voir notre texte en page 14). Aussi, depuis un peu plus de cinq ans, la PME a investi plus de 5 millions de dollars pour acheter de la machinerie et agrandir ses installations d'Anjou à environ 37000 pieds carrés.

Assise sur 20 millions de contrats sur trois ans, Alta Précision entend maintenant se servir de son expertise et de son partenariat dans JSR2 afin d'effectuer un jour une percée auprès des grands fabricants en aviation commerciale.

Elle veut d'abord établir sa crédibilité, notamment avec le travail effectué pour des clients tels que l'industrie militaire des États-Unis. Aussi, la collaboration avec le manufacturier et intégrateur Héroux-Devtek peut s'avérer cruciale.

"Nous avons un contrat avec l'armée de l'air pour des pièces de F-16, souligne M. Alonso. L'armée a eu besoin d'une centaine de pièces par mois sur deux ans. Nous n'avions pas la capacité de production, Héroux-Devtek non plus. Nous nous sommes regroupés pour soumissionner ensemble et satisfaire les exigences du contrat."

Cette relation avec les intégrateurs s'avère primordiale, alors que les grands fabricants ne veulent plus gérer la fourniture de dizaines de milliers de pièces.

"L'industrie ne veut plus acheter à gauche et à droite, soutient M. Alonso. Elle ne veut plus de maux de tête, mais donner des commandes à des intégrateurs qui peuvent s'occuper de 500 pièces en même temps."

Selon les plans de M. Alonso, une belle feuille de route ouvrira des portes. Le président d'Alta Précision voit l'Inde dans sa soupe, notamment pour la fourniture de trains d'atterrissage. Et il ne dirait pas non à être impliqué dans des projets de la taille de l'Airbus A380 dans une dizaine d'années!

"J'aimerais avoir une centaine d'employés, ajoute-t-il. J'aimerais que JSR2 grossisse et devienne un intégrateur de classe mondiale qui brasse des affaires avec les grands comme Boeing. Nous ne voyons aucun obstacle nous empêchant de nous associer avec d'autres et d'obtenir des contrats intéressants. Si l'on reste dans notre coin, on se fait oublier. J'aimerais voir grandir un regroupement qui décrocherait des contrats avec Airbus et se mettrait sur la map."