La mort de l'entrepreneur québécois d'origine tchèque Karel Velan - à quatre mois seulement de son 100e anniversaire - a soulevé une vague de sympathie qui va au-delà du monde des affaires.

Celui qui a appuyé les efforts de nombreux organismes communautaires au fil des ans a débarqué à Montréal au tournant des années 50, avant de fonder un géant mondial de la robinetterie industrielle qui porte son nom et où il a travaillé durant 65 ans.

Karel Velan est mort durant son sommeil, vendredi, à l'Hôpital général de Montréal, où il recevait des traitements pour une pneumonie.

« On vient de perdre une figure importante de l'industrie manufacturière au Québec, a commenté Diane Derome, directrice générale de la Caisse du Complexe Desjardins. Quand on parle des immigrants à valeur ajoutée, Karel Velan est un bel exemple. »

« Je crois que c'est le seul employeur en Amérique du Nord qui a eu une carte de membre de la CSN », souligne de son côté Léonie Couture, directrice générale et fondatrice de l'organisme humanitaire La rue des femmes.

« Il avait vraiment à coeur les conditions de travail de ses employés. Pour lui, c'était important de bien rémunérer les travailleurs. » - Léonie Couture

Le 23 décembre, les installations de Velan ferment pour ne rouvrir qu'au début du mois de janvier. Et Velan, c'est de la grosse production et de la grande fabrication. Il nous disait souvent qu'il ne saurait y avoir de réussite si elle n'est pas partagée. »

Le travail et l'engagement social de Karel Velan ont été reconnus à plus d'une reprise. Il a été récipiendaire de l'Ordre de Montréal, le printemps dernier, après avoir notamment été nommé chevalier de l'Ordre national du Québec en 2005 et avoir reçu la Médaille d'or de la profession d'ingénieur du Canada en 2015.

PASSIONNÉ DES ÉTOILES

Ingénieur de formation et auteur d'un livre sur la naissance du cosmos, Karel Velan avait une fascination pour les étoiles.

« C'était vraiment sa passion, la cosmologie », a dit Pierre Goulet, ex-directeur du parc du Mont-Mégantic et de l'Astrolab, le centre d'interprétation à la base de la montagne.

Une salle d'exposition consacrée à la cosmologie porte d'ailleurs le nom de Karel Velan à l'Astrolab.

« Il a dépensé énormément d'énergie à essayer de comprendre l'origine de l'Univers. Il a développé une théorie qu'il présente comme une théorie alternative parce qu'en fait, on ne sait pas vraiment comment tout a commencé », a ajouté Pierre Goulet.

Le nom de Karel Velan a aussi été donné à un pavillon au Domaine Saint-Bernard, dans la région de Mont-Tremblant, où un télescope a été installé pour les astronomes amateurs.

Karel Velan avait 3 fils, 12 petits-enfants et 15 arrière-petits-enfants. La famille Velan contrôle plus de 70 % des actions de l'entreprise montréalaise Velan, inscrite à la Bourse de Toronto depuis une vingtaine d'années. Il y a quatre ans, le chiffre d'affaires annuel de Velan avait dépassé le demi-milliard de dollars.

ILS ONT DIT

« C'est un grand humaniste. Il était orienté vers son prochain et je dirais même vers la paix dans le monde. Il a quitté [l'ex-]Tchécoslovaquie alors qu'elle était sous la domination des Soviétiques, et c'est le Québec qu'il a choisi parce pour lui, la paix, le respect et l'égalité, il les avait trouvés ici. Il savait ce que ça voulait dire après avoir vécu la guerre en Europe de l'Est. » - Léonie Couture, directrice générale et fondatrice de l'organisme La rue des femmes

« C'était un homme simple et très généreux. Mais aussi un homme de pouvoir. Quand il voulait quelque chose, il pouvait s'exprimer avec beaucoup de force et mettre de la pression pour que les choses arrivent. Il fallait parfois composer avec son caractère. » - Pierre Goulet, ex-directeur du parc du Mont-Mégantic et de l'Astrolab

« C'était un grand philanthrope qui avait le coeur sur la main et qui voulait aider jusqu'à ses derniers miles. C'est une grande perte. » - Diane Derome, directrice générale de la Caisse du Complexe Desjardins

« C'était un homme bien spécial, très passionné et d'une grande générosité. J'ai énormément d'admiration pour lui. Il s'impliquait déjà ailleurs dans la communauté lorsqu'il s'est laissé convaincre de contribuer à Centraide. Il laisse un héritage extraordinaire. Il faut mettre en lumière ce que cet immigrant a su bâtir chez nous. » - Michèle Thibodeau-Deguire, ex-PDG de Centraide du Grand Montréal