Un résidant de Saint-Jean-sur-Richelieu tente d'organiser un recours collectif contre le fondateur et ex-PDG d'Amaya, David Baazov, qu'il accuse de lui avoir fait perdre de l'argent, l'automne dernier, en lien avec sa tentative de privatisation ratée de l'entreprise de Pointe-Claire propriétaire du site PokerStars.

Denis Gauthier a acheté, le 14 novembre 2016, un bloc de 250 actions d'Amaya au prix unitaire de 21,41 $ ; une transaction d'une valeur d'un peu plus 5300 $ réalisée par l'entremise d'un compte de courtage à escompte. Un peu plus tôt cette journée-là, David Baazov avait fait savoir qu'il offrait 24 $ par action pour racheter Amaya, l'équivalent d'une prime de 30 % par rapport au cours de 18,34 $ d'Amaya enregistré à la fermeture de la séance précédente.

« J'ai vu une opportunité », dit Denis Gauthier au cours d'une conversation téléphonique.

Pour l'aider à financer son offre, David Baazov soutenait notamment avoir obtenu des lettres d'engagement de deux firmes de Hong Kong - Head & Shoulders Financial Group et Goldenway Capital - et de KBC Aldini Capital, une firme de Dubaï.

Neuf jours plus tard - le 23 novembre -, David Baazov confirmait ne pas avoir obtenu l'accord de KBC Aldini pour l'aider à financer son projet de privatisation d'Amaya.

Denis Gauthier soutient avoir vendu ses actions d'Amaya après avoir pris connaissance de ce rebondissement. « J'ai perdu près de 1000 $, dit-il. Sur un investissement de 5000 $, c'est beaucoup. »

Quelques jours avant Noël, David Baazov renonçait à son projet de rachat. C'était la deuxième fois en moins d'un an qu'il faisait connaître son intention de racheter Amaya.

« C'est une question de principe. Il faut que les gens qui manipulent subissent des conséquences. » - Denis Gauthier, qui estime s'être fait arnaquer

Il demande donc l'autorisation des tribunaux pour aller de l'avant avec une procédure de recours collectif. Dans la requête déposée la semaine dernière en Cour supérieure du Québec par son avocat Shawn Faguy, il soutient que la perte financière qu'il a subie est le résultat d'un stratagème visant à gonfler artificiellement le cours boursier d'Amaya en publiant des documents contenant de fausses déclarations au sujet d'une offre « fantôme ».

Le clan Baazov réfute avec vigueur les allégations soulevées dans la requête. « Il s'agit d'une demande d'autorisation, et ça prendra plusieurs mois avant que les tribunaux rendent une décision », commente Adam Sharon, porte-parole de David Baazov.

« Il n'y a aucune certitude qu'un recours collectif ira de l'avant, loin de là. Entre-temps, David Baazov examinera ses recours légaux possibles afin de contrer cette démarche futile », ajoute-t-il.

David Baazov a été accusé l'année dernière de délits d'initié en lien avec l'acquisition de PokerStars par Amaya réalisée il y a trois ans. Son procès, prévu en novembre, sera le plus important du genre jamais vu au Québec, voire au pays. Il est aussi soupçonné par l'Autorité des marchés financiers d'être la source d'un « coulage majeur d'informations privilégiées » ayant mené à une série de délits d'initié depuis 2010 en lien avec des projets d'acquisitions en préparation.

LE GÉNÉRAL QUITTE AMAYA

La composition du conseil d'administration d'Amaya est de nouveau appelée à changer de façon importante. L'entreprise a fait savoir, hier, que le général Wesley Clark ne sera pas de retour pour un autre mandat. Il avait été recruté par David Baazov et était administrateur chez Amaya depuis 2010. Après 38 ans de service dans l'armée américaine, Wesley Clark avait participé à la course à l'investiture démocrate au début des années 2000. Il a lancé une entreprise de services-conseils stratégiques qui porte son nom et agit comme conseiller chez Blackstone. Un autre administrateur, Aubrey Zidenberg, quitte lui aussi le conseil d'Amaya. Pour combler les deux sièges disponibles, Amaya proposera aux actionnaires d'élire, le 21 juin, l'ex-présidente et chef de la direction de la Banque Canadian Tire, Mary Turner, et Peter Murphy, fondateur et président du conseil de la firme d'investissement privé Wentworth Capital Management.