Toujours installé à Hong Kong malgré son congédiement par Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL), Michel Verdy, courtier spécialisé dans la recherche d'immigrants investisseurs, intente une poursuite de près de 6 millions de dollars contre son ex-employeur.

M. Verdy soutient que VMBL l'a largué sans cause ni raison. Selon lui, la maison de courtage est la première responsable de la baisse de clientèle et de parts de marché générée par ce segment d'affaires. Il avance également que «l'incurie» de son ex-employeur a torpillé ses efforts de développement et que la filiale de la Banque Laurentienne a terni sa réputation auprès de ses interlocuteurs chinois.

Représenté par le bureau montréalais Woods et associé, M. Verdy habite le district de Shui, à Hong Kong, où il a fondé sa propre entreprise de consultation peu après avoir quitté VMBL, indique sa requête déposée en Cour supérieure à la mi-février.

Il y raconte que VMBL a pris contact avec lui pour le recruter en janvier 2006, alors que la société avait un oeil sur Investpro, petite maison de courtage dont M. Verdy était vice-président et actionnaire.

M. Verdy avait au préalable fondé et dirigé les programmes d'investissement pour immigrants d'une filiale d'une banque canadienne. «Le demandeur est un conseiller en valeurs mobilières comptant près de vingt ans d'expérience» dans le domaine, «particulièrement auprès de la clientèle asiatique», précise la poursuite.

Selon lui, ses interlocuteurs chez VMBL l'ont assuré au moment de son embauche qu' «il aurait carte blanche pour le démarrage, la gestion et le développement» des programmes d'investissement pour immigrants et «qu'il jouirait d'une discrétion et de moyens considérables».

Entre mars 2006 et août 2009, M. Verdy a fait de fréquents et coûteux voyages d'affaires à Hong Kong, à tel point qu'il a suggéré à son employeur de l'installer là-bas en permanence.

Après entente avec ses supérieurs, soutient-il, M. Verdy a liquidé ses biens au Québec et installé ses pénates à Hong Kong en mars 2010.

Les relations dégénèrent

Entre ce moment et septembre de la même année, VMBL a remboursé intégralement tous les frais, puis a commencé à refuser sans avertissement certaines dépenses.

«Le 12 août 2011, le demandeur a découvert que la défenderesse avait, sans préavis et unilatéralement, interrompu le remboursement de la totalité du loyer», écrit l'avocat de M. Verdy.

Parallèlement, un membre du siège social de la maison de courtage «s'est mis à intervenir dans la gestion particulière des dossiers du demandeur, a imposé [...] nombre de contraintes injustifiées [...] et a provoqué au sein de la clientèle des programmes un considérable degré d'insatisfaction».

Les relations de M. Verdy avec ses fournisseurs et ses consultants se sont détériorées à cause de VMBL et certains d'entre eux l'ont menacé «de poursuites et de démarches visant à le faire expulser du territoire chinois», assure-t-il.

M. Verdy ajoute avoir éprouvé des difficultés croissantes à joindre ses supérieurs à compter de février 2011.

«Le refus d'assumer un nombre croissant d'éléments de la rémunération du demandeur de même que l'inaction, puis le silence des supérieurs du demandeur devant les problèmes qu'il éprouvait par leur faute faisaient partie d'une stratégie d'isolement graduel dont le but évident était de mener, à terme, à la démission volontaire du demandeur», avance la requête.

VMBL aurait finalement congédié son employé en septembre 2011, après l'envoi par ce dernier d'une mise en demeure.

M. Verdy évalue à plus de 3,1 millions la hauteur des commissions qu'il a perdues pour les années 2009 à mars 2012. Il y additionne plusieurs autres sommes, pour un total de près de 6 millions.

Jointe par La Presse Affaires, Manon Stébenne, porte-parole de la Banque Laurentienne, n'a pas voulu faire de commentaires, étant donné que la dispute est désormais devant les tribunaux.