La Grèce a présenté vendredi un projet de budget pour 2012, qui prévoit de rattraper le temps perdu en matière d'assainissement des comptes publics, mais dont la réalisation dépend beaucoup de la délicate négociation en cours avec les banques créancières du pays.

Le gouvernement prévoit de ramener en 2012 le déficit public à 5,4% du PIB et sa dette à 145,5% du PIB, à condition que le vaste plan d'effacement de dette en cours de discussion soit mené à terme correctement.

Le projet de budget a été présenté vendredi au parlement par le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, qui devait ensuite rencontrer les chefs de la troïka des créanciers du pays (Commission et Banque centrale européennes, Fonds monétaire international) arrivés vendredi matin à Athènes.

Alors que la Grèce attend de ses partenaires le versement vital de 8 milliards d'euros d'ici la mi-décembre, son nouveau gouvernement de coalition entend faire adopter le budget à temps pour le sommet européen du 9 décembre, et non d'ici le 31 décembre comme prévu initialement, afin de convaincre de sa détermination à assainir les comptes.

La réalisation des objectifs --réduction des dépenses publiques de 5,2 milliards d'euros (-5%) par rapport à 2011, augmentation de 7% des recettes fiscales et réalisation de 9,3 milliards d'euros de privatisations-- dépend de la mise en oeuvre rigoureuse des mesures d'économie et du lancement de réformes structurelles, notamment en matière de perception d'impôt, toujours défaillante.

Ce n'est qu'à ce prix que les Grecs échapperont à de nouveaux sacrifices, a souligné M. Vénizélos, relevant que le budget 2012 ne prévoyait aucune mesure additionnelle par rapport à celles déjà prévues en accord avec la troïka dans le programme pluri-annuel budgétaire voté en juin, au milieu de violentes manifestations.

Ces mesures doivent se traduire par une chute du niveau de vie de pans entiers de la population, un défi dans un pays qui s'apprête à vivre sa quatrième année consécutive de récession.

Mais le respect des objectifs du budget est surtout suspendu à la réussite du plan d'effacement de 100 milliards d'euros de dette souveraine que doit accepter chacune des centaines de banques créancières de la Grèce à travers le monde.

Ce plan, connu sous son acronyme anglais de PSI (private sector offering), correspond à une restructuration de la dette allégeant le fardeau de la Grèce, avec pour particularité de devoir être accepté par les banques et non subi par un défaut de paiement incontrôlé qui menacerait l'existence même de la zone euro.

M. Vénizélos qui a entamé les discussions sur le sujet cette semaine avec le dirigeant du lobby bancaire mondial IIF, Charles Dallara, a rappelé que ce dernier s'était engagé par écrit sur l'objectif d'une réduction de la dette grecque à 120% du PIB en 2020, fixé par la zone euro les 26 et 27 octobre à Bruxelles.

Le ministre a exclu qu'il y ait des propositions séparées pour les banques grecques et étrangères, comme évoqué par la presse grecque, mais admis qu'il y aurait «un, deux ou trois modèles ou variations» proposés afin que chaque créancier choisisse «celui qui lui convient le mieux».

L'opération permettrait à la Grèce, selon le projet de budget, de ramener sa dette publique en 2012 à 309 milliards d'euros, soit 145,5% du PIB, contre 352 milliards fin 2011 (161,7% du PIB).

Du coup, Athènes ne paierait l'an prochain que 12,75 milliards d'euros d'intérêts sur sa dette, contre 16,38 milliards en 2011.

Débarrassé de ce poids, Athènes peut afficher un objectif plus ambitieux que prévu en matière de réduction de ses déficits publics (à 5,4% du PIB, au lieu de 6,8% prévu par le gouvernement précédent dans son avant-projet de budget 2012, et à 9% pour 2011).

«Pour la Grèce, assumer ses obligations envers ses partenaires et assurer la pleine mise en oeuvre des décisions du 26-27 octobre revêt une importance non seulement cruciale, mais existentielle», a lancé M. Vénizélos à l'attention des partenaires qui semblaient ces derniers jours de plus en plus réticents à délier les cordons de la bourse pour aider le pays à surnager.

À très courte échéance, le gouvernement doit d'abord poursuivre les discussions avec les bailleurs de fonds sur le versement de la tranche de 8 milliards d'euros du prêt international consenti en mai 2010 à la Grèce.

Il devra pour cela résoudre l'imbroglio noué par l'insistance européenne à obtenir de la droite qui s'y refuse, un engagement écrit sur la rigueur, une question qui doit figurer samedi au menu d'entretiens de la troïka avec le dirigeant conservateur Antonis Samaras.