L'Europe a mis mercredi la pression sur la Slovaquie pour qu'elle approuve le nouveau système de défense anti-crise de la dette de l'Union monétaire, après un rejet la veille, alors que les préparatifs s'accélèrent pour recapitaliser les banques du continent.

Les députés slovaques ont rejeté mardi soir le renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro (FESF), mettant un coup d'arrêt au moins temporaire aux efforts européens pour stopper la contagion de la crise de la dette.

Mais un second vote pourrait être organisé, à une date encore indéterminée, si la coalition au pouvoir parvenait à rallier l'opposition de gauche qui monnaie son soutien.

La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver l'élargissement à 440 milliards d'euros de ce filet de sécurité pour les pays en difficulté, décidé sur le principe le 21 juillet. En cas de non définitif, le FESF n'aura qu'une capacité d'action limitée pour aider les États à éviter la banqueroute et à recapitaliser leurs banques. Car l'unanimité dans l'Union monétaire est requise.

Inquiète, l'Union européenne a demandé mercredi à Brastislava d'approuver rapidement le renforcement du FESF, en soulignant son importance «cruciale» pour la zone euro.

«Nous appelons tous les partis au Parlement slovaque à dépasser les considérations politiques à court terme et à utiliser la prochaine occasion pour adopter rapidement un nouvel accord», ont indiqué les président de l'Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, dans un communiqué conjoint.

«Je fais confiance aux autorités de Slovaquie» pour organiser un deuxième vote, a aussi dit le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

«Tous les pays de l'Union européenne doivent prendre part au combat» pour résoudre la crise de la dette, a insisté de son côté la chancelière allemande Angela Merkel.

Ces propos ont redonné confiance aux investisseurs: l'euro s'est hissé au-dessus du seuil de 1,38 dollar pour la première fois depuis la mi-septembre.

Quant aux Bourses européennes, elles évoluaient à la mi-journée en nette hausse: Paris prenait 1,47% et Francfort 1,35% peu avant 7h00 (heure de Montréal).

Mais le temps presse, car la crise de la dette a déjà pris en Europe les allures d'une crise bancaire. Un premier établissement, le groupe franco-belge Dexia, en a fait les frais en étant démantelé lundi.

Pour éviter une propagation, qui inquiète le monde entier notamment les États-Unis, l'Europe travaille à un plan de renflouement des établissements les plus fragiles.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, doit dévoiler dans l'après-midi des propositions à ce sujet.

Selon le quotidien Financial Times, l'Autorité bancaire européenne (EBA) envisage de relever à 9% le niveau minimum des fonds propres «durs» des banques européennes (capital et bénéfices mis en réserve par rapport aux prêts accordés). Celles-ci auront entre 6 et 9 mois pour s'y conformer, faute de quoi elles devraient accepter une recapitalisation par les pouvoirs publics.

Un durcissement à 9% de fonds propres «durs» pourrait contraindre les banques à lever au total 275 milliards d'euros, selon les estimations des analystes de la banque américaine Morgan Stanley, citées par le quotidien britannique.

Selon une source européenne, la Commission réfléchit effectivement à l'option d'un relèvement du seuil de capitaux propres «durs» pour les banques «vers 10%», un seuil qui avait également été suggéré par le FMI.

Le FMI avait estimé début octobre qu'il faudrait injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans les banques européennes.

En France, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole ont déjà annoncé en septembre tabler sur un ratio de fonds propres «durs» de 9% au moins début 2013.

«On y parviendra en mobilisant les revenus des banques elles-mêmes, qui gagnent de l'argent, le capital privé et, si c'est nécessaire, en dernier ressort, le capital public», a précisé Alain Juppé mercredi.

Au terme d'un bras de fer avec Berlin, Paris a finalement accepté mercredi de ne pas avoir recours au FESF pour recapitaliser ses banques.

La France préférait jusqu'ici puiser dans le Fonds européen plutôt qu'utiliser des capitaux publics nationaux pour renflouer ses banques, afin de ne pas mettre en danger sa notation «AAA». L'Allemagne privilégiait, elle, un renflouement national, sachant qu'elle est le premier contributeur à ce Fonds au sein de la zone euro.

L'intervention de M. Barroso mercredi reflète en tout cas le souci de la Commission de ne pas laisser le sujet au seul couple franco-allemand, critiqué par certains partenaires.

«Si vous regardez les 12 derniers mois, environ 70% des propositions franco-allemandes n'ont pas abouti à une décision», a déclaré mercredi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt.