L'agence d'évaluation financière Moody's a prévenu mardi les États-Unis qu'ils risquaient de perdre la note «AAA» attribuée à leur dette publique, la meilleure possible, pour laquelle la perspective est désormais «négative».

Pour justifier cette décision, Moody's a relevé le risque de voir le pays perdre ce statut notamment s'il y a «un affaiblissement de la discipline budgétaire dans l'année à venir» ou si «la conjoncture économique se détériore considérablement».

Cette décision a été annoncée quelques heures après l'adoption par le Congrès d'un plan pour réduire le déficit budgétaire des États-Unis, accompagné d'un relèvement du plafond légal de la dette de l'État fédéral.

Moody's a expliqué que les mesures votées ne suffiraient pas nécessairement pour améliorer l'état des finances publiques américaines.

«Même si la combinaison d'un processus de commission parlementaire et de mesures automatiques donne un mécanisme pour provoquer une discipline budgétaire, ce cadre est sujet à des incertitudes. Les tentatives de règles budgétaires par le passé n'ont pas toujours résisté à l'épreuve du temps», a estimé l'agence.

«Des mesures supplémentaires seront probablement nécessaires pour s'assurer que la trajectoire du budget à long terme reste compatible avec une note AAA», a-t-elle ajouté, relevant «de larges divergences politiques» dans le débat à Washington.

«Troisièmement, les récentes révisions à la baisse des taux de croissance économique et le très faible taux de croissance du premier semestre 2011 remettent en question la solidité du potentiel de croissance dans l'année ou les deux ans à venir», a souligné Moody's.

Le gouvernement américain a nettement revu à la baisse vendredi ses estimations de la croissance des trois dernières années, notamment celle du premier trimestre 2011 (0,4% en rythme annuel), tandis que celle du deuxième trimestre était estimée à 1,3%.

L'agence s'inquiète aussi de la possibilité pour les États-Unis de devoir payer à ses créanciers des taux d'intérêt plus élevés qu'aujourd'hui, où «ils restent bas».

«Bien que Moody's et les prévisionnistes économiques prévoient généralement que les taux d'intérêt augmenteront ces prochaines années, une hausse des coûts d'emprunts au-delà de ce qui est attendu actuellement menacerait les efforts de rééquilibrage du budget», a-t-elle relevé.

Moody's est la deuxième agence à assigner une perspective «négative» à la note «triple A» des États-Unis, après Standard and Poor's le 18 avril. La troisième grande agence de notation, Fitch Ratings, maintient une perspective «stable».

Moody's est la doyenne des agences de notation, et a été la première en 1917 à donner aux États-Unis leur note «Aaa», inchangée depuis.

Elle a précisé que les emprunts d'Israël et de l'Égypte garantis par les États-Unis étaient concernés par sa décision de mardi, gardant leur note «Aaa» mais avec une perspective «négative».