Les États-Unis perdront-ils leur cote de crédit parfaite de AAA pour la première fois de leur histoire? Moody's estime ce scénario «peu probable», même si une menace de décote pèse actuellement sur la première économie mondiale.

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Pressées de questions hier par le Congrès, les agences de crédit attendent l'issue des négociations sur le plafond de la dette afin de décider du sort de la cote de crédit des États-Unis. Les trois principales agences, Moody's, Standard&Poor's et Fitch, ont mis la cote de crédit des États-Unis en examen, en attendant l'issue des négociations sur la hausse du plafond de la dette. Les élus doivent trouver une solution avant le 2 août, sinon le gouvernement américain se trouvera en situation de défaut de paiement le 15 août.

»Peu probable»

«Nous abaisserons la cote de crédit des États-Unis dans un avenir rapproché seulement s'il y a un défaut de paiement. Mais nous pensons que c'est peu probable», a indiqué Steven Hess, analyste en chef de Moody's pour les États-Unis et le Canada, par courriel à La Presse Affaires.

Les agences de notation ont toutefois envoyé un indice aux élus pour la suite des négociations: pas besoin de sabrer 4 milliards US en 10 ans, comme le veulent certains républicains, pour que le pays conserve sa cote de crédit AAA. Lors d'une comparution au Congrès, le président de Standard&Poor's, Deven Sharma, a répondu à un élu républicain qu'un plan de réduction des dépenses de moins de 4 milliards pourrait être suffisant pour que le pays garde sa cote AAA. Cette déclaration donne des munitions aux démocrates, qui tentent de faire adopter un plan de réduction des dépenses moins ambitieux.

Conséquences

Les États-Unis ont toujours conservé une cote de crédit parfaite (Aaa) chez Moody's depuis leur première évaluation, en 1917, ce qui permet au gouvernement américain d'emprunter à des taux très bas. «L'impact qu'une décote pourrait avoir sur les coûts d'emprunt du gouvernement américain n'est pas clair», a indiqué Steven Hess, analyste en chef de Moody's pour les États-Unis et le Canada. Le Canada a une cote de crédit AAA depuis 2002.

Selon un sondage de Reuters, une majorité d'économistes (30 sur 53) s'attendent à une «décote» chez au moins l'une des trois agences de notation. «Ce serait mauvais pour notre devise et ça augmenterait nos coûts d'emprunt», a dit Stephen Walsh, chef des investissements de Western Asset Management, une firme de la Californie, cité par Bloomberg.

L'économiste Benoît Durocher ne croit pas qu'une décote serait une catastrophe. «À court terme, il y aura un impact, mais on sait tous que les Américains finiront par trouver une solution sur le plafond de la dette», dit l'économiste du Mouvement Desjardins.

Benoît Durocher rappelle que la cote de crédit n'est qu'un des éléments fixant le coût d'emprunt d'un gouvernement. «La cote de crédit est un outil de mesure de risque pour les investisseurs, mais ce n'est pas le seul facteur qui va influencer les coûts d'emprunt d'un gouvernement, dit-il. À titre d'exemple, le Canada, les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont tous des cotes de crédit Aaa, mais leur coût d'emprunt sur 10 ans est différent (2,88% pour le Canada, 2,98% pour les États-Unis et la Grande-Bretagne, 2,65% pour l'Allemagne).»