Les représentants de l'UE et du FMI ont commencé lundi à négocier avec les autorités portugaises pour définir les contours et les contreparties d'un plan d'aide financière, estimé pour l'instant à 80 milliards d'euros (109,8 milliards de dollars), qui doit être conclu d'ici la mi-mai.

Après les évaluations «techniques» menées la semaine dernière par des experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), leurs chefs de mission étaient à Lisbonne pour «recueillir les opinions et les arguments de toutes les parties», a indiqué à l'AFP un porte-parole de la représentation permanente de la Commission au Portugal.

Le Danois Poul Thomsen, représentant du FMI, et les Allemands Jürgen Kröger et Rasmus Rüffer, respectivement à la tête des délégations de la Commission et de la BCE, sont arrivés dans la matinée au ministère des Finances sans faire de déclaration à la presse. Ils auraient ensuite rencontré le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, le gouverneur de la Banque du Portugal, Carlos Costa, et le premier ministre José Socrates, selon plusieurs médias locaux.

L'UE comme le FMI se sont déjà dits prêts à aider le Portugal, mais à la stricte condition que Lisbonne adopte d'ici la mi-mai un programme d'austérité qui devra impliquer «les principaux partis politiques», en raison des élections législatives anticipées qui auront lieu le 5 juin.

Le gouvernement socialiste et l'opposition ont ouvert mercredi dernier des négociations discrètes en vue d'un compromis politique qui permette au Portugal de s'engager sur les mesures à adopter, «indépendamment du résultat des élections».

Les membres de la «troïka» UE-BCE-FMI doivent rencontrer mardi les représentants des syndicats portugais, ont indiqué ces derniers. Les rencontres avec le patronat ayant été reportées à mercredi.

Les responsables internationaux doivent également rencontrer les partis politiques d'opposition. Cette invitation s'est heurtée à une fin de non-recevoir de la part de la gauche antilibérale, qui s'oppose à l'intervention internationale.

Une cinquantaine de sympathisants communistes ont manifesté devant le ministère des Finances contre «l'ingérence» du FMI au Portugal.

Le PSD, principale force d'opposition de centre-droit, et le parti minoritaire de droite CDS doivent en revanche se réunir avec des membres de la mission «dans les prochaines 48 heures».

Désavoué par le Parlement qui a rejeté un nouveau plan d'austérité, M. Socrates a démissionné le 23 mars dernier, provoquant une crise politique qui a accentué la pression des marchés financiers, inquiets pour la solvabilité du pays.

Menacé d'une rupture de financement due au niveau record des taux d'intérêt imposés aux emprunts d'État, le gouvernement a été contraint de solliciter le 7 avril une aide financière extérieure, comme la Grèce et l'Irlande l'an dernier.

Par ailleurs, la percée électorale enregistrée dimanche par les nationalistes finlandais, qui s'opposent à l'aide financière aux membres de l'UE frappés par la crise de la dette, faisait planer de nouvelles incertitudes concernant le sauvetage du Portugal.

La conclusion d'un accord d'ici la mi-mai est cruciale pour le Portugal, qui doit rembourser le 15 juin près de 5 milliards d'euros (6,9 milliards de dollars) de dette. Malgré ce contexte, l'État testera à nouveau les marchés mercredi, pour tenter de lever de 750 millions à un milliard d'euros (1,03 à 1,37 milliard de dollars) à court terme.