Les agences de notation financière Moody's et Standard & Poor's ont successivement annoncé vendredi avoir abaissé la note de la dette à long terme de la compagnie d'électricité japonaise Tokyo Electric Power (TEPCO), qui exploite les réacteurs nucléaires de Fukushima.

Les deux organismes ont maintenu en outre la notation de l'entreprise «sous surveillance négative», ce qui signifie qu'elle pourrait être de nouveau revue à la baisse dans les mois qui viennent.

Moody's a dégradé de deux crans, à A1, la note de Tepco, justifiant sa décision par «l'impact sérieux du séisme dévastateur de la semaine dernière sur la fiabilité et les opérations de Tepco, les coûts potentiels massifs engendrés» par ces événements et les conséquences sur le profil financier du groupe.

L'agence souligne que «la capacité de production de Tepco a été grandement limitée par les dégâts qu'ont subis plusieurs centrales nucléaires», notamment Fukushima N°1.

Selon Moody's, cet accident nucléaire, consécutif au tremblement de terre et au tsunami ravageurs du 11 mars, aura «des effets très négatifs pour la compagnie, qui persisteront pour plusieurs années au minimum».

Standard and Poor's a pour sa part dégradé d'un cran à A+ la note de la dette à long terme de Tepco, qui bénéficiait précédemment du niveau AA-.

Le site Fukushima 1, qui totalise six réacteurs, est actuellement hors service et certaines unités dans un état très inquiétant. Les quatre réacteurs d'un second site, Fukushima 2, sont également arrêtés.

Avant la catastrophe, ces centrales délivraient 20% de l'électricité fournie par Tepco à ses clients.

S&P craint que la compagnie, incapable de répondre aux besoins, ne soit forcée de recourir trop fréquemment à des coupures organisées pour limiter la demande et éviter les interruptions de courant accidentelles à grande échelle.

Tepco a déjà mis en oeuvre un calendrier d'interruptions programmées à Tokyo et dans ses environ, à l'exception des arrondissements centraux de la capitale, poumon économique du Japon. Ces mesures exceptionnelles très pénalisantes devraient durer au moins jusqu'à fin avril.

La compagnie, qui alimente en électricité tout l'est du Japon, affronte une situation sans précédent.

L'impact des dommages et manque à gagner sur les finances de la compagnies sera lourd. Il pourrait toutefois être atténué par des mesures spéciales de compensations étatiques, espère S&P.

Tepco va outre devoir recourir davantage à ses installations thermiques pour combler, tant que faire se peut, les lacunes de production d'électricité, ce qui va la rendre plus vulnérable à l'augmentation des cours du pétrole.