Le gouvernement investira l'an prochain un sommet historique de 9,6 milliards de dollars pour financer les travaux d'infrastructures, a-t-il annoncé dans son budget d'hier. Mais le vaste programme de mise à niveau, qui a permis au Québec de soutenir le choc de la récession, connaîtra son premier tour de vis l'année suivante.

À partir de 2012-2013, le gouvernement réduira graduellement l'enveloppe qu'il consacre chaque année à la construction et à la mise à niveau des routes, des hôpitaux et des écoles. Il retranchera 500 millions pendant deux années consécutives. La baisse sera plus graduelle par la suite.

Actuellement, les investissements publics génèrent à eux seuls 2,9% de l'activité économique de la province.

«Fondamentalement, on veut stabiliser les dépenses en infrastructures à 1,7% du produit intérieur brut (PIB), a expliqué le ministre des Finances, Raymond Bachand. C'est un niveau qu'on a déjà eu par le passé.»

En 2021-2022, le budget consacré aux infrastructures aura diminué à 8 milliards par année, selon les prévisions du ministre.

En 2007, le gouvernement a lancé un vaste programme pour remettre les infrastructures à niveau. Plusieurs observateurs estiment que les vastes dépenses qui ont accompagné le plan ont permis à la province d'éviter d'être frappée de plein fouet par la récession.

«Ç'a aidé beaucoup, constate François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins. Il y a trois ou quatre raisons qui ont permis au Québec d'éviter la récession et c'en est une.»

Mais la relance est déjà entamée, soulignent les experts. Et plusieurs estiment qu'il est grand temps que le secteur privé prenne le relais du gouvernement.

«Le plan d'infrastructure, on a utilisé l'investissement pour passer à travers la récession, souligne Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint à la Banque Laurentienne. Mais justement, il faut passer à quelque chose de plus soutenable.»

La diminution des investissements en infrastructure ne chambardera pas les projets qui ont déjà été annoncés. La construction du CHUM, le remplacement de l'échangeur Turcot et le remplacement des voitures de métro, par exemple, se poursuivront donc comme prévu.

Dépenses en infrastructures em milliards

2010-2011: 8,9

2011-2012: 9,6

2012-2013: 9,1

2013-2014: 8,6

2014-2015: 8,4