Deux accusés condamnés sur cinq, peut-être un troisième mardi. La Couronne ne s'en cache pas : elle espérait davantage dans le dossier des coaccusés de Vincent Lacroix. «Ce serait malhonnête de dire qu'on n'est pas déçu. On reçoit le verdict avec humilité. C'est évident qu'on avait des espoirs plus grands», a dit Me Serge Brodeur, procureur de la Couronne.

La Couronne «déçue» de sa victoire en demi-teinte

Deux accusés sur cinq condamnés, peut-être un troisième aujourd'hui. La Couronne ne s'en cache pas: elle espérait davantage dans le dossier des coaccusés de Vincent Lacroix. «Ce serait malhonnête de dire qu'on n'est pas déçus. On reçoit le verdict avec humilité. C'est évident qu'on avait des espoirs plus grands», a dit Me Serge Brodeur, procureur de la Couronne.

Au Québec, les délibérations des jurés restent secrètes, même après le verdict. Comment la Couronne explique-t-elle sa demi-victoire? «On constate que les deux coaccusés reconnus coupables ont été ceux qui étaient le plus près de Vincent Lacroix, dit Me Serge Brodeur. On avait un travail à faire et on pense l'avoir bien fait. On doit respecter la décision du jury.»

La Couronne estime toutefois important d'avoir fait condamner des collaborateurs de Vincent Lacroix dans l'affaire Norbourg, une fraude de 113 millions de dollars commise auprès de 9200 investisseurs. «C'est vrai que le recours civil s'est terminé sur une bonne note, mais des dommages moraux ont été causés aux investisseurs pendant des années, dit Me Brodeur. Certains ont hypothéqué leur santé avec les fraudes commises par ces personnes.»

Jean-Guy Houle, un grand-père qui a perdu l'héritage de 195 000$ de ses deux petites-filles orphelines dans Norbourg, est déçu de l'acquittement de Félicien Souka et de Jean Renaud. «Pour moi, ils sont tous coupables. Mais j'ai plus confiance dans le système judiciaire qu'il y a un an, alors que le premier procès avait avorté», a-t-il dit au Réseau de l'information.

Réactions des accusés

Jean Cholette était un «homme brisé» à la suite de son verdict de culpabilité, selon son avocat Louis Gélinas. «Ça fait longtemps que ces gens-là sont pris dans les méandres de Norbourg, dit Me Gélinas. C'est un verdict difficile à comprendre. Il y a des verdicts d'acquittement à travers des verdicts de culpabilité. On va prendre la soirée pour réfléchir et analyser, et on va se demander s'il y a lieu d'aller plus loin.»

Le témoignage de Félicien Souka a été déterminant dans son propre acquittement, selon son avocat. «Son témoignage a fait la différence, dit Me André Lapointe. Mon client est foncièrement honnête et les jurés ont bien répondu à son témoignage. Mais même acquitté, il va rester des préjugés.»

«L'Autorité des marchés financiers se réjouit pour les victimes de Norbourg qui attendent ces verdicts de culpabilité des complices de Vincent Lacroix depuis longtemps», a indiqué par courriel Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF.

- Avec la collaboration de Martin Vallières

-----------------

Norbourg: cinq hommes devant la justice

> Jean Cholette était responsable des finances. Il a été reconnu coupable de fraude et de fabrication de faux documents (125 chefs sur 125).

> Serge Beugré était directeur-général adjoint. Il a été reconnu coupable de fraude, mais acquitté de la majorité des accusations de fabrication de faux documents (115 chefs sur 158).

> Félicien Souka était directeur informatique. Il a été acquitté de l'ensemble des 157 chefs d'accusations de fraude et de fabrication de faux documents qui pesaient sur lui.

> Jean Renaud, était fonctionnaire au ministère des Finances du Québec. Il a été acquitté de l'ensemble des 51 chefs d'accusations de fraude et de fabrication de faux documents qui pesaient sur lui.

> Rémi Deschambault était comptable et vérificateur externe. Le verdict dans son cas est attendu aujourd'hui (112 chefs de fraude).