Les quatre hommes accusés dans l'affaire Cinar sont soupçonnés de fraude, de faux et d'usage de faux ainsi que d'avoir produit de faux prospectus.

Ronald Andrew Weinberg

59 ans

Il est le cofondateur de Cinar avec sa femme, Micheline Charest. Homme d'affaires rusé, Weinberg avait réussi avec sa conjointe à faire de Cinar une entreprise mondialement respectée dans les années 90. La croissance exponentielle de Cinar cachait toutefois de nombreuses irrégularités: subventions illégales, plagiat, etc. Ronald Weinberg a notamment autorisé entre 1998 et 2000 des virements de fonds aux Bahamas dénoncés par le conseil d'administration de Cinar, selon des documents. Il aurait aussi bénéficié de transactions de change fictives de plusieurs millions réalisées au détriment de Cinar, selon un témoignage. Au cours des 10 dernières années, Ronald Weinberg s'est vigoureusement défendu en Cour contre les poursuites des diverses parties et a répliqué avec des contre-poursuites. Les diverses parties ont dépensé quelque 25 millions de dollars en frais d'avocats. En 2008, la principale poursuite a été réglée à l'amiable, celle de 116 millions qui opposait Cinar à Weinberg et à d'autres intimés. L'entente était confidentielle mais, selon nos sources, Weinberg a versé environ 6,5 millions, ce qui comprenait la valeur de ses maisons de Westmount et de Magog (3 millions). Dans ce règlement, la Banque Royale a versé 13 millions et les autres intimés, 5,5 millions.



John Xanthoudakis

52 ans

Charismatique et discret, celui qui se fait appeler John X était le PDG de Norshield, la firme impliquée dans l'administration des fonds détournés de Cinar aux Bahamas. En 2005, Xanthoudakis a été battu à la Place Ville-Marie par des mafieux du clan Rizzuto qui cherchaient à récupérer un investissement de 5 millions. Dès le début de sa carrière, dans les années 80, Xanthoudakis promettait aux investisseurs des rendements mirobolants grâce à un «programme d'ordinateur», ce qui lui a valu une réprimande de la Commission des valeurs mobilières du Québec, l'ancêtre de l'AMF. Par la suite, Xanthoudakis a été perçu comme un précurseur dans les fonds spéculatifs (hedge funds), s'attirant l'admiration des quotidiens de Toronto. En 1991, avec Lino Matteo, il a fondé Globe-X, aux Bahamas. C'est ce groupe qui a recueilli les fonds détournés de Cinar entre 1998 et 2000. Son entreprise Norshield a été bloquée par les autorités en 2005. Quelque 1900 particuliers et des investisseurs institutionnels ont perdu environ 500 millions dans cette affaire. L'argent de Cinar avait été amalgamé à celui des autres investisseurs de Norshield, peut-on déduire des enquêtes comptables.

John Xanthoudakis

Lino Pasquale Matteo

49 ans

Comptable de formation, il est l'expert qui aurait maquillé les états financiers du groupe Globe-X, des Bahamas, pour tromper Cinar, selon les accusations de la SQ. Lino Matteo était le PDG de Mount Real. Cette entreprise a fait faillite en 2006, faisant perdre 130 millions à 1600 investisseurs du Québec. L'AMF le poursuit et réclame une peine d'emprisonnement. Des gens qui connaissent Lino Matteo l'ont décrit comme un bouillant personnage qui dirigeait son entreprise comme un militaire. À l'époque, tout devait être fait selon ses goûts: de la façon de répondre au téléphone jusqu'à la quantité de sucre dans son thé, indique un document que La Presse a obtenu. Ses secrétaires ne devaient pas d'abord lui adresser la parole, mais plutôt attendre qu'il lance la conversation. «Si Lino vous demande en quoi consiste votre travail, vous devez lui répondre: mon travail est de vous rendre la vie plus facile», peut-on lire dans ce document. En 2008, le syndic de l'Ordre des CMA a radié Matteo en déclarant à son sujet: «Il n'a aucun remords et est prêt à recommencer n'importe quand; l'intimé est un danger pour le public.»

Lino Pasquale Matteo

Hasanain Panju

44 ans

Il s'agit du plus réservé des quatre accusés. Panju a toutefois été au coeur du virement de 120 millions de dollars américains vers les Bahamas entre 1998 et 2000. L'ex-chef de la direction financière de Cinar est visé par 32 des 36 chefs d'accusation portés par la Couronne. Panju est notamment accusé d'avoir participé à la création de transactions de change fictive qui aurait profité au couple Charest-Weinberg, selon le rapport d'une firme comptable. Une des transactions fictives dont il est question était censée protéger Cinar contre les fluctuations du dollar canadien. Or, aucune transaction de change n'a réellement eu lieu; la transaction fictive avait pour unique objet de «masquer des transferts de fonds de Cinar vers une entreprise des Bahamas (Killington Holdings) détenue par le couple Charest-Weinberg et possiblement par Hasanain Panju», selon un témoignage. Poursuivi par Cinar, Panju a finalement réglé à l'amiable, en 2008. Il est cependant toujours poursuivi par Ronald Weinberg, qui l'accuse d'avoir viré les fonds aux Bahamas à son insu.

Hasanain Panju