Le médicament avait bon goût. Et les détaillants en veulent encore. Le crédit d'impôt à la rénovation résidentielle, lancé par le gouvernement fédéral pour inciter les consommateurs à continuer de dépenser malgré la crise, doit être prolongé pour au moins une autre année, estime l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).

Dans une lettre envoyée au ministre des Finances Jim Flaherty, l'AQMAT demande que le crédit, dont l'application se termine le 1er février prochain, se poursuive plutôt jusqu'au 31 mars 2011.

L'AQMAT, qui compte dans ses rangs 900 détaillants dont les groupes BMR et Home Hardware, soutient que les moments difficiles ne sont pas terminés, que «les maux que nous avons connus au cours de la dernière année de disparaîtront pas si aisément».

«Il faut continuer à donner un petit coup de pouce à l'économie», précise Marcel Soucy, économiste à l'AQMAT.

Dans sa lettre au ministre Flaherty, l'Association rappelle que les ventes des marchands canadiens de matériaux et articles d'extérieur ont reculé de 578 millions de dollars dans les huit premiers mois de l'année, des chiffres déjà atténués par l'existence du crédit d'impôt. La valeur des permis de bâtir accuse aussi un déficit de 8,6 milliards pour les trois premiers trimestres de l'année.

L'AQMAT se réjouit de l'effet positif du crédit d'impôt, mais note en même temps que son efficacité a été limitée par plusieurs facteurs.

Il a entre autres fallu beaucoup de temps pour que les commerçants et consommateurs comprennent bien le fonctionnement du programme. La documentation promotionnelle du programme n'a été envoyée aux magasins qu'en octobre.

L'incertitude sur la concrétisation du programme, quand on se demandait à la fin d'août si le gouvernement allait être renversé, a aussi ralenti les ardeurs des consommateurs, selon l'AQMAT.

«Il y a eu un décalage entre l'instauration du programme et le moment où les consommateurs l'ont compris et appliqué, explique Marcel Soucy. Si le programme se poursuivait, ça donnerait un coup de pouce aux consommateurs qui n'ont pas eu le temps d'entreprendre leur projet.»

L'AQMAT demandera aussi que soit prolongé le programme de crédits d'impôt provincial, qui s'applique aux rénovations de plus grande envergure.

Hausse des mises en chantier

Par ailleurs, les marchands québécois de matériaux ont eu une bonne nouvelle en prenant connaissance des statistiques de novembre sur les mises en chantier résidentielles, dévoilées hier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement.

Au Québec, leur rythme a augmenté de 10% par rapport à octobre, sur une base désaisonnalisée et annualisée.

Au niveau national, le rythme des mises en chantier a grimpé de 0,7%. C'est la cinquième hausse en sept mois, et le niveau le plus élevé depuis 11 mois, observe Marco Lettieri, de la Financière Banque Nationale.