En dépit de sa très grande volatilité, il y a une seule chose dont on peut être certain avec le marché du gaz naturel, c'est que le mécanisme de l'offre et de la demande agit exactement comme l'enseigne le cours d'économie 101.

Lorsque le prix baisse, les marges de profit des producteurs disparaissent, les investissements dans les nouveaux puits chutent, l'offre diminue et les prix remontent.

À l'inverse, lorsque le prix est très élevé, tous les producteurs investissement massivement pour accroître leur production et hausser leurs profits. La capacité de production dépasse la demande, les prix descendent et le cycle reprend.

Benoit Gervais, gestionnaire des portefeuilles de ressources pour la Société financière Mackenzie, connaît très bien ce mécanisme. Il s'en sert pour augmenter le rendement de ses portefeuilles.

Selon lui, nous sommes actuellement à six mois d'une remontée du prix.

«Il ne faut pas attendre que le prix augmente avant d'investir. C'est pourquoi nous avons augmenté substantiellement nos positions dans les titres de producteurs de gaz et de services de forage», dit-il.

Au Nymex, à New York, le prix du contrat à terme de la plus courte échéance a remonté à 3,76$US le million de BTU (M BTU).

Le prix a touché un plancher de 2,40$US le million de BTU le 4 septembre dernier. Entre 2006 et 2008, le prix a grimpé au-delà des 14$US le million de BTU.

Le mécanisme d'ajustement est déjà à l'oeuvre. Le nombre de plateformes de forage en activité aux États-Unis a chuté de 56% depuis l'an dernier.

M. Gervais reconnaît toutefois que la surcapacité de production est importante.

D'abord, l'exploitation des nouveaux gisements de gaz des shales de l'Amérique du Nord a fait bondir l'offre.

En même temps, la récession a fait chuter la demande. Le marché est engorgé et tous les réservoirs sont pleins.

Selon M. Gervais, ce surplus se résorbera graduellement. Il calcule qu'il faut un prix de 7$US le million de BTU pour donner un rendement sur l'investissement de 10% dans un nouveau puits de gaz.

À 3$US, ce n'est tout simplement pas rentable pour la plupart des gisements, et les investissements chutent.

Pessimisme à court terme

Les analystes du secteur de l'énergie de RBC Capital Market sont pessimistes sur le marché du gaz naturel pour les six à neuf prochains mois.

Ils entrevoient la possibilité que les prix descendent jusqu'à 2$US les 1000 pieds cubes (kpc) (1000 pieds cubes de gaz équivalent à peu près à 1M de BTU), avant de remonter au-delà des 3$US durant l'hiver.

À long terme, RBC croit que le prix devrait se stabiliser entre 5 et 7$US le kpc.

L'analyste Marshall Adkins, de Raymond James, est lui aussi pessimiste pour le prix du gaz à court terme, même si les producteurs ont commencé à fermer les robinets.

«Le seuil de 2$US le kpc est possible pour les prochaines semaines», a dit M. Adkins à ses clients.

Transport et distribution

Le transport et la distribution coûtent plus cher que le gaz lui-même. C'est ce qui explique que les consommateurs ne peuvent profiter entièrement de la baisse du prix du gaz naturel. En effet, il faut se rappeler que le coût de la molécule de gaz ne représente que 57% du coût total de la facture mensuelle.

Selon les données de Gaz Métro, les frais autres que le coût du gaz naturel représentaient 43% du montant total de 45 cents le mètre cube livré en décembre 2008 (cela équivaut à 1,3 cent le pied cube ou 13$ le kpc).

Parmi ces frais, le transport est le coût le plus important, à hauteur de 20,6% du coût total, suivi de la distribution, à 11,8%. Sans compter qu'un petit 2,4% pour le fonds vert s'est ajouté, sans tambour ni trompette, au bas de la facture depuis deux ans.

La consommation annuelle de gaz naturel du Québec fluctue autour de 2 bcf (deux milliards de pieds cubes). Bien que les consommateurs résidentiels soient de loin les clients les plus nombreux, l'industrie et les commerces achètent 89,5% des volumes de gaz distribués par Gaz Métro.

En 2006, le gaz naturel fournissait environ 13% des besoins énergétiques de la province.