L'air chaud du printemps a revivifié l'industrie des fonds communs de placement. Pour un quatrième mois d'affilée, les investisseurs ont été plus nombreux à investir qu'à décaisser en avril dernier.

«Autant les mauvaises nouvelles les avaient refroidis, autant des nouvelles moins mauvaises qu'attendu ont ramené une vague d'optimisme», note Daniel Bissonnette, président de Planifax.

Ainsi, en avril, des investisseurs ont commencé à délaisser les fonds monétaires, chouchous des Canadiens depuis le déclenchement de la crise du crédit à l'été 2007, pour investir à long terme.

Il faut dire que les rendements sur ces placements sont en chute libre. Au début de mai, les bons du Trésor de 90 jours ne procuraient plus qu'un maigre 0,15 %.

«On a atteint un seuil psychologique qui a poussé de nombreux investisseurs, ayant auparavant une préférence pour la sécurité, à rechercher d'autres occasions», note Marc Dubuc, vice-président marketing des Fonds Desjardins.

Désireux néanmoins de ne pas prendre trop de risque - et affamés de rendements -, beaucoup de Canadiens se sont tournés vers les fonds obligataires, avec un goût marqué pour le court et le long terme, révèlent les données de l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC).

Les fonds d'obligations corporatives n'ont pas été laissés pour compte, incluant les fonds à haut rendement, qui investissent dans des titres de sociétés plus à risque.

Notons qu'au début de mai, les taux moyens des indices obligataires étaient de 2,18 % pour les obligations du Canada, 3,80 % pour les obligations provinciales, 5,03 % pour les obligations corporatives et 15,51 % pour les obligations de pacotille.

Moins d'intérêt pour les actions

En ce qui concerne les fonds d'actions, ils ne font pas encore l'unanimité chez les investisseurs.

Les ventes de fonds en avril n'ont pas compensé les retraits, même si ceux-ci ont fortement diminué. En fait, seuls les fonds d'actions américaines et les fonds sectoriels ont affiché des ventes nettes positives.

Toutefois, dans les sous-catégories, on notait un engouement pour les fonds de dividendes canadiens, les fonds Asie-Pacifique excluant le Japon, les fonds chinois - pour un deuxième mois consécutif - les fonds de marchés émergents et les fonds internationaux.

Rappelons que depuis mars dernier, les places boursières mondiales ont rebondi en moyenne de 30 %.

En revanche, depuis le début de l'année, seules celles du Canada (7,1 %), des marchés émergents (12,7 %), de la Norvège (12 %), de Hong Kong (11,2 %) et de la Suède (10,3 %) s'illustrent.

Il s'agit essentiellement de pays plutôt épargnés par la crise du crédit ou positionnés pour profiter d'une hausse des prix des ressources naturelles.

D'ailleurs, beaucoup de Canadiens ont investi dans les fonds de ressources naturelles en mars et en avril. L'évolution des cours de certaines matières premières phares permet d'étayer cet élan d'optimisme. «On a vu le prix du pétrole passer rapidement de 35 à 58 $ récemment», note Robert Gorman, stratège de portefeuille en chef chez TD Waterhouse. Un phénomène qui tiendrait à la fois du fait que les marchés estiment que le pire est derrière nous, de l'évolution des stocks américains, et de la baisse de la production de l'OPEP.

Les investisseurs ont aussi fait preuve, en avril, d'un intérêt pour le secteur financier, nettement déprimé par la crise du crédit, et l'immobilier, susceptible de bénéficier des taux d'intérêt extrêmement bas.

Naturellement, un bon nombre de Canadiens ont investi de façon moins tactique en avril. Ils ont plutôt opté pour des fonds équilibrés, des portefeuilles modèles et des fonds distincts, garantissant le capital à 75 % ou plus.

L'industrie des fonds communs de placement a ainsi terminé le mois d'avril avec des actifs sous gestion de 517,7 milliards, comparativement à 497,4 milliards en mars et 507,1 milliards au début de l'année.

La progression des actifs est surtout venue de l'embellie boursière, les ventes nettes combinées de mars et d'avril se chiffrant à un peu moins de 900 millions.

Où placer vos économies?

Pour plusieurs personnes agées, le sujet de conversation numéro un n'est plus la santé; les placements l'ont détronée.

La situation est loin d'être rose. Des retraités, déjà appauvris par le krach boursier, font maintenant face à l'effondrement des taux d'intérêt des titres à revenu fixe les plus sécuritaires.

Ce contexte fait dire à Jay Aizanman, vice-président, comptes nationaux, gestion et distribution, chez Investissements Standard Life, que le défi des investisseurs en 2009-2010 sera d'obtenir du rendement tout en demeurant conservateurs.

Comment y parvenir?

«D'abord, conservez seulement les liquidités qui sont essentielles afin d'être moins touchés par l'affaissement des taux à court terme», conseille Claude Montreuil, planificateur financier chez Caron Groupe Financier.

Puis, prenez le temps de vous informer des rendements que procurent vos fonds de marché monétaire. «Car plusieurs manufacturiers ont été forcés de réduire les frais de gestion de ces fonds afin de pouvoir offrir un rendement annuel de 0,10 à 0,20 %», souligne Marc Dubuc, des Fonds Desjardins.

Tout rendement de 0,50 % ou moins devrait vous pousser à chercher des substituts plus rentables mais néanmoins sécuritaires. Regardez en outre du côté des comptes d'épargne à intérêt élevé, notamment ceux des banques en ligne (ex. ING Direct, Banque Dundee), des coupons détachés à court terme émis par les gouvernements, et des CPG à court terme ou rachetables.

Enfin, si vous pouvez vous permettre d'investir à long terme et de risquer un peu, les obligations corporatives pourraient être une avenue.

«Investissez cependant dans la qualité, afin d'éviter le plus possible les défauts de paiement», conseille Robert Gorman, de TD Waterhouse.

De façon similaire, les fonds de dividendes sont également une solution intéressante, les rendements en dividendes étant anormalement élevés depuis la chute des cours. «Ces fonds vous offrent en plus la possibilité de profiter de la relance boursière», signale Daniel Bissonnette, de Planifax.

«Les marchés boursiers ont baissé de 50 %, ajoute-t-il. Pensez-y, pour revenir au point de départ, il faut une augmentation de 100%!»