En cette période de récession, même les pétro-dollars albertains ne peuvent rien contre le retour du déficit budgétaire.

Jeudi, le gouvernement de l'Alberta a annoncé qu'il retournait en déficit après 15 ans consécutifs de surplus budgétaires. L'Alberta n'avait pas présenté de budget déficitaire depuis l'année financière 1993-1994.

«Nous avons toujours dit que même si son économie est plus forte que bien d'autres, l'Alberta n'est pas immunisée contre les difficultés de l'économie mondiale», a dit la ministre des Finances de l'Alberta, Iris Evans, jeudi par voie de communiqué.

 

Selon les prévisions du ministère des Finances, le déficit sera d'environ un milliard de dollars en 2008-2009. L'été dernier, alors que le prix du pétrole atteignait un sommet historique de 147$US le baril, l'Alberta prévoyait un surplus de 8,5 milliards (le record, établi en 2005-2006, est de 8,6 milliards). Lorsque les chiffres ont été mis à jour en novembre dernier, le surplus avait déjà fondu à 2 milliards.

Lors du passage de La Presse Affaires en Alberta il y a trois semaines, la ministre des Finances de l'Alberta, Iris Evans, se faisait prudente sur la question d'un éventuel déficit budgétaire. «La récession et la volatilité sur le marché des ressources compromettent la capacité financière de l'Alberta plus que celle de n'importe quelle autre province canadienne, a dit la ministre Evans à La Presse Affaires. Nous sommes préoccupés, mais nous sommes aussi chanceux d'avoir pu mettre de l'argent de côté pour nous aider en période de récession.»

De l'argent de côté pour les coups durs? Seize milliards, plus exactement. «Nous dépenserons peut-être plus que nos revenus, mais ce n'est pas comme si nous devions courir à la banque pour trouver de l'argent», a dit la ministre Evans à La Presse Affaires.

À long terme, les Albertains peuvent dormir sur leurs deux oreilles: leurs finances publiques ne sont pas en péril. L'Alberta est la seule province canadienne n'ayant pas de dette. Cette année, les contribuables albertains ont même profité d'une nouvelle baisse du fardeau fiscal alors que le gouvernement a aboli l'impôt santé - un cadeau de 513$ par année pour chaque Albertain.

Ralph Klein s'en mêle

Le gouvernement albertain prépare actuellement un plan de relance économique. Au cours des derniers mois, il a toutefois envoyé des signaux contradictoires sur la teneur de ce plan: va-t-il baisser les impôts ou investir dans les infrastructures? Plus tôt ce mois-ci, le ministre albertain de la Santé a prévenu que la construction d'hôpitaux pourrait être retardée en raison des difficultés économiques de la province. Le premier ministre Ed Stelmach a aussi baissé les impôts des PME du secteur de l'énergie, après avoir fait cadeau de baisses d'impôt de 2,8 milliards sur cinq ans aux grandes pétrolières l'automne dernier.

Pour compliquer le choix du premier ministre Stelmach, son prédécesseur Ralph Klein s'est invité dans le débat. Plus tôt ce mois-ci, l'ancien premier ministre a joué les belles-mères en suggérant au gouvernement d'augmenter les dépenses d'infrastructures afin de sortir l'Alberta de la récession. Des propos étonnants de la part de celui qui a sabré les dépenses quand il était au pouvoir, mais Ralph Klein a un bilan économique fort différent comme maire de Calgary durant la récession des années 80. La dette de sa ville avait alors augmenté de 1,6 milliard en raison de nombreuses dépenses d'infrastructures.

«Nous avons construit le train léger LRT et des édifices municipaux, a-t-il dit au Calgary Herald. Parfois, c'était le seul travail en ville. C'est une bonne idée de construire en période de récession car les coûts sont moins élevés.»