Les investisseurs indépendants affrontent eux aussi la crise qui a fait chuter les Bourses. Comment peuvent-ils réagir devant le tumulte des derniers mois ?

Jean Soublière, président de l'ACTIF, conseille à ceux qu'il fréquente de ne pas se laisser influencer par les rumeurs et ouï-dires qui suivent la baisse des cours en Bourse.

 

«Certains titres populaires peuvent sembler avantageux, dit-il. Mais une baisse de 50%, ce n'est pas comme un rabais sur les vêtements. L'action peut encore tomber de 50%. Le vêtement a rétréci au lavage et on ne peut pas le revendre au même prix!»

La moindre taille du portefeuille autogéré donne même davantage de flexibilité, dit M. Soublière.

«Je ne crois pas qu'il faut se sentir inférieur aux investisseurs institutionnels. Il est plus difficile pour ces derniers de réagir vite en sortant du marché. L'individu peut entrer et sortir plus rapidement.»

Jean-Louis Gauvreau, qui gère ses propres placements, prône la patience... si les titres choisis sont de qualité. «Quand j'achète, je visualise ce que la compagnie sera dans cinq ans. De cet exercice découle un questionnement sur ses avantages durables. Est-ce que l'industrie est prometteuse? Est-ce un feu de paille? Peut-on profiter d'une faiblesse temporaire de l'action? Ça permet d'éviter l'achat d'un titre qui ne sera plus là dans cinq ans.»

À cet égard, M. Gauvreau estime que «beaucoup de compagnies ont lourdement chuté mais font encore des profits et paient de bons dividendes. Si de bonnes compagnies sont affectées par la crise, elles continuent à dominer leur marché, comme le fait Wells Fargo».

Élodien Pépin, un retraitéqui gère lui aussi sonportefeuille, prend toujours au sérieux les titres qui rapportant de l'argent comptant. «Une compagnie qui paie des dividendes ou des distributions, c'est ce que je préfère, dit-il. Même si une fiducie comme Cominar devait manger la claque, les distributions ne seraient pas abolies, donc je la conserve.» M. Pépin souligne qu'il est possible de sortir trop vite quand les nuages noirs arrivent. Il faut donc être prudent, même si l'on veut vendre.

«C'est ce que j'ai fait en octobre et novembre 2007, dit-il. J'ai manqué le sommet de 2008. Je me suis débarrassé de la majorité de mes actions pour de l'argent comptant et des obligations. Maintenant, je n'ai plus que 40 000$ de titres. Si la Bourse explose à la hausse, il m'en restera quelques-uns pour en profiter. «

Pour les investisseurs plus frileux, Jean-Louis Gauvreau voit toujours de bonnes occasions dans les entreprises plus traditionnelles.

«Des compagnies de consommation comme Coca-Cola sont bonnes pour quelqu'un qui ne veut pas prendre de risque. C'est pratiquement moins dangereux que de mettre son argent dans un fonds commun.»