La « triple épidémie » aurait pu être pire. Le vaccin antigrippal a cette année une bonne efficacité, montrent des données américaines publiées jeudi. Elles confirment des données canadiennes du début du mois.

« Habituellement, il y a une moins bonne efficacité du vaccin antigrippal contre la souche H3N2 qui domine cette année », explique Gaston De Serres, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « Cette année, les chiffres sont bons. »

L’efficacité dévoilée jeudi par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) du gouvernement américain allait de 54 % à 71 % selon les groupes d’âge. Cela se compare à 48 % à 59 % pour les données canadiennes publiées début février dans la revue Eurosurveillance, dans une étude dont le DDe Serres est coauteur.

Ces données d’efficacité sont différentes de celles des vaccins contre la COVID-19, qui portent sur la protection contre les maladies graves. « Ce qu’on mesure avec l’efficacité des vaccins antigrippaux, c’est la protection contre une grippe assez grave pour aller voir le médecin », dit le DDe Serres.

Meilleure performance contre H1N1

Depuis 2005, l’efficacité du vaccin antigrippal canadien contre la souche H3N2 n’a jamais dépassé 57 %, et a parfois été de 14 % à peine, selon les données du Réseau canadien de surveillance sentinelle de soins primaires. Contre la souche H1N1, la performance est meilleure : la plus faible performance a été de 43 % et l’efficacité a dépassé 90 % à deux reprises, notamment lors de la pandémie de 2009.

« En 2009, on avait utilisé un adjuvant, le vaccin marchait très bien, mais on l’a administré trop tard dans la pandémie », dit le DDe Serres. Pourquoi ne pas avoir continué à utiliser cet adjuvant ? « Il y avait des problèmes de narcolepsie dans de rares cas », explique le DDe Serres.

La menace H5N1

En janvier, dans Eurosurveillance, une autre menace s’est révélée : la souche grippale H5N1, qui a été responsable de l’abattage d’un demi-million de volailles au Québec depuis un an. « On a vu la transmission chez le vison en Espagne, explique le DDe Serres. Le vison est un cousin du furet, qui est très semblable à l’humain pour les infections grippales. Donc ça nous préoccupe. » La révolution des vaccins à ARNm qui a permis d’endiguer la COVID-19, grâce aux sociétés BioNTech et Moderna, constitue-t-elle un bouclier contre une pandémie de H5N1 et permet-elle d’éviter les confinements et autres couvre-feux ? « Je dirais que ces compagnies doivent certainement être en train de travailler sur le H5N1, dit le DDe Serres. Cela dit, la COVID-19 est beaucoup plus contagieuse que la grippe, alors je ne suis pas sûr qu’on va retourner au confinement de toute façon. »

En savoir plus
  • 36 %
    Efficacité du vaccin antigrippal contre la souche H3N2 en 2021-2022 au Canada
    SOURCE : INSPQ