David Saint-Jacques est entré dans un club sélect lorsqu'il est devenu lundi le quatrième astronaute canadien à participer à une sortie dans l'espace et le premier depuis 12 ans.

L'astronaute canadien et sa collègue américaine Anne McClain ont complété leur mission sans problème apparent en un peu moins de sept heures.

Les deux astronautes sont revenus dans la Station spatiale internationale environ 30 minutes plus tôt que prévu, a indiqué l'agence spatiale américaine (NASA).

À son retour dans la station, David Saint-Jacques a salué sa mission comme «un aperçu de l'avenir» au moment où l'espèce humaine s'aventure de plus en plus loin dans l'espace.

«Parce que lorsque nous parvenons à dépasser nos différences, nous réalisons des choses qui semblent impossibles, a-t-il déclaré. C'est comme ça qu'on progresse.»

Les deux collègues devaient déplacer une plaque d'adaptateur de batterie, mettre à niveau le système de communication sans fil de la station et connecter des câbles le long du point central de la station pour fournir une source d'énergie de rechange au Canadarm2.

Le Canadarm2 est une sorte de bras robotisé essentiel au maintien de la station spatiale. Les câbles permettront au bras d'effectuer des réparations en cas de panne sans nécessiter de sortie dans l'espace.

Dave Williams, qui suivait la situation lundi matin au siège social de l'Agence spatiale canadienne à Longueuil, a expliqué que les astronautes préfèrent se donner un peu de marge de manoeuvre en raison des conditions de travail imprévisibles dans l'espace. «Nous aimons être en avance sur notre horaire et le demeurer. On ne sait jamais ce qui peut arriver pendant une sortie dans l'espace», a-t-il souligné.

L'astronaute à la retraite dit avoir parlé à M. Saint-Jacques au cours du week-end. «J'ai dit à David: "Tu vas faire une tournée parfaite"», a-t-il raconté.

Les astronautes ont amorcé leur sortie dans l'obscurité, mais le soleil est apparu peu de temps après, leur offrant des vues spectaculaires de la planète bleue.

«Ainsi, ils peuvent lever la tête, capter cette image incroyable, puis retourner au travail», a noté M. Williams.

Dave Williams détient le record canadien du plus grand nombre de sorties dans l'espace, avec trois en un peu moins de 18 heures à l'extérieur de la station spatiale lors d'une mission, en 2007. M. Williams était aussi le dernier Canadien à avoir effectué une sortie dans l'espace, jusqu'à celle de David Saint-Jacques, lundi matin.

Les deux autres astronautes canadiens à avoir réalisé l'exploit sont Steve MacLean en 2006 et Chris Hadfield en 2001.

Une équipe de contrôleurs de vol chargés de la robotique de l'Agence spatiale canadienne ont offert un soutien aux astronautes à partir de Houston, au Texas.

Dave Williams a souligné que les astronautes doivent prendre leur temps lorsqu'ils sont dans l'espace.

«Parfois, lorsque vous regardez une sortie dans l'espace, cela semble très, très lent», a-t-il remarqué. «Il est important de se déplacer lentement dans l'espace, car rien ne vous stabilise [...] Vous devez vous déplacer très lentement pour garder le contrôle.»

Les mouvements de David Saint-Jacques étaient visibles grâce à une caméra installée sur son casque, offrant aux téléspectateurs le point de vue de l'astronaute, en direct sur le web.

«David fait un travail incroyable, il se déplace très gracieusement, utilisant seulement la force du bout de ses doigts pour se déplacer d'un endroit à un autre sur la station spatiale», a constaté M. Williams. «C'est déjà la marque d'un astronaute très expérimenté. Il est sorti depuis moins d'une heure et utilise une technique parfaite pour se tenir sur les rampes.»

On marchera sur la lune

Le ministre fédéral des Transports Marc Garneau - lui-même le premier Canadien à s'être rendu dans l'espace en 1984 - s'est dit fier de son «bon ami David».

«Je suis tellement heureux pour lui [...]. Je n'ai pas eu la chance moi-même [de faire une sortie dans l'espace], alors je suis un peu envieux. C'est vraiment une démonstration de ses talents», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec les journalistes, au parlement.

De telles missions réussies par des Canadiens augurent fort bien pour l'avenir du programme spatial canadien. Le ministre a fait mention de la participation canadienne au projet Gateway.

«Quand on parle de Gateway, on parle d'une station spatiale qui va être en orbite autour de la Lune. C'est fort possible qu'un jour, parce qu'on y participe, un Canadien ou une Canadienne aille marcher sur la Lune. Ça, c'est notre prochain défi. Je suis persuadé que cela va arriver un jour», a-t-il déclaré.