Le syndicat des paramédics de Montréal et Laval blâme en partie Urgences-santé pour la situation de crise actuelle dans le transport ambulancier, alors que la canicule s'allonge sur la métropole.

Depuis plusieurs jours, l'organisation est à son plus haut niveau d'alerte et supplie le public de ne composer le 911 qu'en cas de réel danger pour la vie. On signale chez Urgences-santé avoir reçu de 1200 à 1300 appels par jour depuis dimanche, une hausse considérable par rapport aux quelques 1000 appels habituels.

Les employés sont à bout de souffle, doivent parfois travailler 16 heures d'affilée avec une seule pause-repas de 30 minutes, et une dizaine d'ambulances sont touchées par une panne de climatisation, dénonce le Syndicat du préhospitalier.

« Ce n'est pas humain, ce n'est tout simplement pas humain », a affirmé hier Réjean Leclerc, président du syndicat, qui adresse aussi des reproches au gouvernement.

« En 2013, on a levé le fanion en leur disant que ça allait déraper, qu'ils devaient augmenter les effectifs. Ils ont attendu, ils ont attendu... »

- Réjean Leclerc, président du Syndicat du préhospitalier

Son syndicat a déposé deux plaintes à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail au cours des derniers jours : l'une mardi concernant les pauses-repas trop courtes et l'autre hier concernant les pannes de climatisation dans les véhicules.

Les ambulanciers « sont aigris, ils ne se sentent plus supportés », a continué M. Leclerc. « Ce n'est pas parce que l'employeur donne une barre énergétique et une bouteille d'eau au début d'un quart de travail qui va durer 16 heures » que les employés sont motivés.

« LE SYNDICAT DEVRAIT COMPRENDRE »

Hier après-midi, le grand patron de l'organisation a lui-même pris la parole dans un communiqué pour renouveler l'appel au public : les ambulances ne fournissent plus.

« Je suis la situation de très près et je peux vous affirmer sans l'ombre d'un doute que nos paramédics, nos répartiteurs médicaux d'urgence qui reçoivent les appels et nos gestionnaires font un travail remarquable sur le terrain », a affirmé Nicola D'Ulisse, PDG d'Urgences-santé. « Nous sommes cependant à la limite des capacités de nos services. »

L'organisation assure environ 1500 transports en ambulance par jour depuis le début de la vague de chaleur extrême, un tiers de plus qu'en temps normal.

Au sujet des reproches précis du Syndicat du préhospitalier, le porte-parole de l'organisation reconnaît que la canicule hors du commun entraîne des conséquences hors du commun.

Les quarts de travail de 16 heures avec une pause-lunch de 30 minutes, « c'est exceptionnel », a expliqué Benoit Garneau, porte-parole d'Urgences-santé.

« Oui, on demande des efforts de nos paramédics [...] on n'a pas le choix de le faire, la vie de la population en dépend. »

- Benoit Garneau, porte-parole d'Urgences-santé

« On est en mesures d'urgence, on n'est pas en temps normal. Je pense que le syndicat devrait comprendre et collaborer avec nous pour trouver des paramédics et trouver des solutions », a-t-il ajouté.

Quant aux climatisations en panne, M. Garneau a affirmé que ces véhicules étaient rapidement envoyés au garage pour réparation, une affirmation contestée par le syndicat.

« On essaie toujours d'embaucher le maximum possible de paramédics à Urgences-santé », a-t-il poursuivi au sujet du manque de personnel. « Par contre, il faut être conscient que les étudiants sont sur les bancs d'école. [...] On est toujours très agressifs sur l'embauche, et ce, depuis plusieurs années. On cherche à embaucher 200 paramédics en ce moment. »