La légalisation de la marijuana au pays soulève beaucoup d'inquiétudes chez les patients québécois de cannabis médical qui craignent de ne plus pouvoir s'approvisionner selon le dosage prescrit par leur médecin, soutient l'Association québécoise des intervenants en cannabis médical (AQICM) qui doit entamer une tournée d'information dans la province.

La porte-parole de l'association, Shantal Arroyo, a expliqué en entrevue avec La Presse canadienne que les demandes d'informations affluent de la part de patients, d'aidants, d'intervenants et de citoyens depuis que l'annonce d'une consultation par le gouvernement du Québec.

L'association s'oppose vigoureusement à ce que le cannabis soit distribué dans les dépanneurs ou même à la SAQ, estimant qu'il ne faut pas confondre l'usage récréatif du cannabis avec l'usage médicinal. Mme Arroyo dit qu'il s'agit «de deux choses qui sont complètement différentes et c'est primordial que ce soit séparé».

Elle a rappelé que les dosages sont ce qu'il y a «de plus important» pour les patients. Il leur est plus facile de gérer leur médication quand ils font affaire avec des entreprises privées spécialisées, a-t-elle ajouté.

L'AQICM estime que ces entreprises privées devraient continuer de pouvoir le faire. Plusieurs mettent les patients avant les profits, indique l'organisme par communiqué.

Selon lui, l'État devrait se dédier à la prévention et à établir des balises.

Bien que la légalisation à des fins récréatives frappe l'imaginaire, l'AQICM souligne que les premiers bénéficiaires seront «les milliers de patients québécois qui, chaque jour, pourront avoir plus facilement accès à leurs produits médicaux et non médicaux à base de cannabis».

En ce moment, ils se soignent en s'approvisionnant sur le marché noir, au dispensaire ou sur Internet, a expliqué Mme Arroyo.

«C'est là qu'on voit un paquet de problèmes, souligne-t-elle. L'information est souvent uniquement en anglais, donc les gens ne comprennent pas les dosages ou ce qu'ils ont acheté. Ils se font un peu escroquer.»

L'AQICM affirme avoir déposé un mémoire au gouvernement du Québec en ce sens dans l'espoir de faire entendre la voix de «ceux qui sont sur le terrain depuis des années».