Une pharmacienne accro aux médicaments analgésiques a été reconnue coupable par son ordre professionnel d'avoir volé à plusieurs reprises des médicaments à l'hôpital Santa Cabrini, où elle travaillait. Lucie Cayer a également entravé l'enquête du syndic en mentant sur ses antécédents criminels et sur son départ houleux de l'armée, une infraction « grave et sérieuse ». Sa sanction n'a pas encore été déterminée.

Pharmacienne depuis 1987, Lucie Cayer a admis avoir volé à trois reprises des comprimés d'oxazépam et de lorazépam pendant une période de trois mois à l'hôpital Santa Cabrini en 2014. Ces deux médicaments servent à traiter l'anxiété. La pharmacienne d'expérience a plaidé coupable à trois autres chefs d'accusation déontologiques, indique la décision rendue par le comité de discipline de l'Ordre des pharmaciens du Québec le 6 juin dernier.

Lucie Cayer, qui n'est plus à l'emploi de l'hôpital montréalais, utilisait des prétextes pour tromper ses confrères et obtenir des ordonnances de médicaments et de stupéfiants. Elle a également plaidé coupable d'avoir entravé le travail du syndic en « déclarant faussement » n'avoir jamais été reconnue coupable d'une infraction criminelle. La nature de cette infraction n'a pas été révélée.

PLUS DE 7000 COMPRIMÉS PRESCRITS

Alors qu'elle travaillait à l'hôpital Santa Cabrini, Lucie Cayer consommait des quantités importantes de médicaments analgésiques en raison de douleurs chroniques aux genoux. De décembre 2010 à août 2014, trois médecins lui ont prescrit plus de 7000 comprimés de Dilaudid, a découvert le syndic de l'Ordre pendant son enquête. Elle aurait ainsi consommé cinq comprimés de ce puissant analgésique tous les jours pendant trois ans et demi.

La pharmacienne avait également plaidé non coupable à deux infractions. Dans sa récente décision, le comité de discipline l'a acquittée relativement au vol de deux comprimés et demi de Dilaudid, faute de preuves. Son avocat, Me Denis Lavoie, s'est réjoui de cette décision. « Elle a toujours nié depuis le début et la preuve a démontré que ce n'était pas elle. [...] Je pense que c'est un bon jugement », a-t-il déclaré.

Le comité a toutefois reconnu Mme Cayer coupable d'entrave à l'enquête du syndic pour avoir « déclaré faussement n'avoir jamais consommé de drogues de rue » et pour avoir fourni de « faux renseignements sur les circonstances entourant ses départs de l'armée canadienne en octobre 1995 et de l'hôpital Santa Cabrini en juin 2014 ».

Pendant l'enquête, Lucie Cayer n'a jamais admis avoir « consommé de l'héroïne » dans le passé et n'a jamais révélé les « véritables raisons de son départ de l'armée », malgré des questions précises du syndic. « L'absence de réponse de [Mme Cayer] ou des réponses évasives retardent ou empêchent l'enquête de la plaignante de progresser », indique le comité de discipline qui a rejeté la défense de bonne foi de la pharmacienne.

Le comité rappelle dans sa décision que Lucie Cayer a eu des « implications directes et suspectes » dans des incidents concernant des bris ou des pertes de narcotiques à la pharmacie d'un hôpital militaire. La pharmacienne avait été hospitalisée à deux reprises en 1995 et en 1996 pour des problèmes de consommation de narcotiques.