Dans une lettre ouverte adressée aux médias, la présidente du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) de Sainte-Justine, la Dre Valérie Lamarre, critique sévèrement les nombreux changements et coupes effectués dans son hôpital au cours des derniers mois.

« J'assiste à ces mesures, qui transforment votre hôpital en un établissement qui n'a plus les moyens de poursuivre votre vision, et j'ai honte », écrit la Dre Lamarre en s'adressant à la fondatrice du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine, Justine Lacoste-Beaubien.

« J'observe, apeurée, la mise en place d'une série de mesures gouvernementales préjudiciables à la qualité des soins que nous offrons », ajoute la pédiatre.

Il y a un peu plus d'un an, l'administration du CHU Sainte-Justine a été regroupée avec celle du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). « J'aime les gens du CHUM, je les respecte, mais on ne fait pas le même travail et on n'a pas la même vision. J'ai peur que Sainte-Justine perde sa spécificité, perde ce qui nous permet d'y soigner si bien nos petits patients », commente la Dre Lamarre.

Celle-ci ajoute que plusieurs coupes ont été effectuées au cours de la dernière année à Sainte-Justine : « Moins de travailleurs sociaux, moins de psychologues, pas de remplacement pour les infirmières de cliniques en vacances... » Le CMDP n'a jamais manifesté publiquement contre ces mesures jusqu'à maintenant.

« L'ÉLECTROCHOC » DE LA Dre LAMARRE

Mais la Dre Lamarre explique avoir décidé de sortir de son mutisme en assistant au projet Optilab du gouvernement, un véritable « électrochoc ». Le projet, qui prévoit la fusion des laboratoires d'hôpitaux de la province en une poignée de laboratoires serveurs, forcera le déménagement des employés de laboratoire du CHU Sainte-Justine vers le CHUM. Pour la Dre Lamarre, le gouvernement ne se rend « pas compte des conséquences potentiellement graves de cette mesure sur nos patients ».

« Il n'est plus question de rester passifs alors que notre merveilleux hôpital se fait peu à peu dépouiller de ses ressources uniques, primordiales pour continuer à offrir le meilleur à nos patients. La voilà donc, la honte. Je regrette de ne pas m'être levée plus tôt pour protéger notre institution », conclut la Dre Lamarre, qui promet dorénavant d'étudier « chaque décision prise » et de dénoncer chacune de celles qui nuiront à la mission de Sainte-Justine.

La porte-parole du CHU Sainte-Justine, Mélanie Dallaire, affirme que la direction générale du CHUM-CHU Sainte-Justine « salue l'engagement des médecins » et assure être « toujours à l'écoute des médecins ». La direction promet de « mettre en place toutes les actions requises pour respecter l'intégrité et la spécificité du CHU Sainte-Justine ».