Petit à petit, la cause du salaire minimum à 15 $ fait son chemin, puisque plusieurs travailleurs à faible revenu dans des résidences privées pour personnes âgées l'ont obtenu - après la grève qu'ils ont toutefois dû faire.

La section locale 298 du Syndicat québécois des employés de service (SQEES), affilié à la FTQ, mène justement une bataille pour obtenir ce salaire de 15 $ l'heure pour ses membres, qui sont principalement des préposés aux bénéficiaires dans des résidences privées pour personnes âgées un peu partout au Québec.

Or, de nets progrès ont été réalisés depuis le début de la grève, le 21 juin. Il y avait alors une grève illimitée dans 32 résidences privées pour obtenir ce salaire de 15 $ l'heure. Mardi, elles n'étaient plus que quatre à être touchées par la grève.

Mais dans les faits, il y a eu 24 ententes de principe, puisque dans les autres cas, le mandat de grève a été momentanément suspendu pour des raisons stratégiques, a expliqué au cours d'une entrevue Richard Belhumeur, président de la section locale 298 du SQEES-FTQ.

Le salaire moyen des préposés aux bénéficiaires était en moyenne de 12,50 $ l'heure. Le salaire visé de 15 $ l'heure n'est pas tout à fait atteint partout et il ne l'est pas au même moment; il peut parfois l'être à la dernière année du contrat de travail.

«Une grande partie de nos membres, dans ces 24 ententes, ont atteint ou vont atteindre dans les prochains mois ou les prochaines années les 15 $, une grande partie. Malheureusement, ce n'est pas la totalité, mais c'est une grande partie de nos membres, quasi 100 % des préposés aux résidants vont atteindre les 15 $. Certains autres types d'emploi vont l'atteindre également», a résumé M. Belhumeur.

Dans certains cas, il s'agit d'augmentations de salaire de l'ordre de 20 ou 22 % pour la durée du contrat de travail de trois ou quatre ans, a souligné M. Belhumeur.

Cet objectif du salaire de 15 $ est sur toutes les lèvres dans le milieu des relations de travail - syndiqué et non syndiqué - depuis quelques mois. L'homme d'affaires Alexandre Taillefer s'en était fait le porte-étendard au Forum social mondial, plus tôt ce mois-ci.

Effet d'entraînement?

M. Belhumeur pense que cette victoire des employés des résidences privées pour aînés pourra avoir un effet de levier sur d'autres secteurs d'activité.

«Je pense que oui. Premièrement, ça va aider les travailleurs et les travailleuses de ce secteur-là. Et je pense que c'est un secteur qui a été à l'avant-garde du mouvement en faveur du salaire minimum à 15 $. Et ça va faire en sorte que oui, ça va avoir un effet d'entraînement dans d'autres secteurs pour dire «oui, c'est possible le droit d'avoir un salaire décent pour faire plus qu'exister et vivre de façon décente dans notre société'», a commenté le syndicaliste.

Il attribue aussi ces victoires au fait que le syndicat a choisi de coordonner ses négociations dans les différentes résidences. «On a augmenté le rapport de forces» de cette façon, a-t-il ajouté.

Une grève touche également trois résidences privées pour aînés du côté de la CSN - une dans l'est de Montréal et deux à Québec - et une autre à Sainte-Julie, du côté du syndicat des Teamsters, affilié à la FTQ.

Dans ces cas cependant, les demandes syndicales ne sont pas les mêmes et prennent une autre forme que l'atteinte du salaire de 15 $ l'heure. Stéphane Lacroix, du syndicat des Teamsters-FTQ, estime avoir même déjà dépassé ce seuil des 15 $ l'heure.

Et à la CSN, on revendique plutôt une augmentation de 1,50 $ sur trois ans, qui peut être modulée différemment selon l'établissement.

Comme il s'agit d'établissements de soins, toute grève est soumise au respect des dispositions du Code du travail portant sur les services essentiels. C'est donc dire que 90 % des services doivent être dispensés en cas de grève.