Le nombre de patients en attente d'une chirurgie depuis plus d'un an a fondu de 28 % depuis le début de l'année. C'est ce qui fait dire à Gaétan Barrette que les médecins spécialistes sont sur la bonne voie pour respecter les cibles prévues dans leur entente avec le gouvernement.

Ils devront toutefois redoubler d'efforts pour augmenter la part des demandes de consultation à l'urgence qui sont réalisées à l'intérieur de quatre heures.

Selon l'entente conclue en début d'année, les médecins spécialistes doivent atteindre quatre cibles en vue de réduire les délais d'attente d'ici le 31 décembre 2017. S'ils ne le font pas, la loi 20 sera mise en application. Conséquence : les médecins fautifs verront leur rémunération être amputée jusqu'à 30 %.

En conférence de presse mercredi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a dressé un bilan des résultats jusqu'ici. Il avait fait le même exercice pour ce qui est des médecins de famille en juin dernier.

Le ministre s'est réjoui que le nombre de patients en attente de chirurgie depuis plus d'un an soit passé de 7009 à 4995. Il y a maintenant 498 chirurgiens qui ont des demandes en attente depuis au-delà de 12 mois, comparativement à 708 au moment de la signature de l'entente. La proportion des médecins qui respectent la priorisation des demandes en attente depuis plus d'un an est passée de 10,9 % à 47,9 %. La cible est de 95 % à terme.

Le taux de prise en charge des patients hospitalisés par les médecins spécialistes est maintenant de 61,6 %, comparativement à 59,5 % en janvier. C'est au-dessus de la cible intermédiaire de 58 % - qui avait été manifestement sous-estimée puisque les médecins l'atteignaient déjà dès le départ. L'objectif au 31 décembre 2017 s'élève à 65 %.

La proportion des demandes de consultation à l'urgence réalisées à l'intérieur de deux heures a augmenté de près d'un point de pourcentage (de 33,6 % à 34,5 % en juillet). Là encore, c'est au-dessus de la cible fixée pour cette date. Mais on avait fixé l'objectif à 33 %, un seuil inférieur à la situation sur le terrain qui prévalait en début d'année. La cible pour la fin de 2017 est de 40 %.

Là où Gaétan Barrette considère que « la tendance doit être redressée », c'est pour la proportion des demandes de consultation à l'urgence réalisées à l'intérieur de quatre heures. Elle se chiffre à 61 %, comparativement à 59,9 % en janvier. Ce rythme à la hausse, bien qu'il permette de dépasser la cible intermédiaire de 60 % pour juillet, s'avère insuffisant pour atteindre la cible attendue de 75 % pour le 31 décembre 2017. Les spécialistes devront donc augmenter la cadence pour échapper aux pénalités.

« Les médecins spécialistes, sur la plupart des critères, sont sur la cible et même en avance, mais sur un des critères, si la tendance se maintient, ils vont malheureusement rater la cible », a affirmé M. Barrette. Il prévient ainsi les spécialistes qu'« on ne doit pas s'asseoir sur ses lauriers » et qu'« il y a encore beaucoup de travail à faire. »

Selon lui, « il y a des poches de résistance » chez certaines spécialités, des médecins « plus réfractaires » à se conformer à l'entente. Par contre, d'autres spécialités sont « vraiment embarquées là-dedans » et ont rapidement modifié leurs pratiques.

« Tant chez les médecins de famille que les médecins spécialistes, il y a un changement qui s'opère. Est-ce qu'il s'opère à la vitesse appropriée ? La tendance montre qu'on va probablement y arriver, mais on n'a pas la garantie encore. C'est la raison pour laquelle on continue à suivre ça », a affirmé M. Barrette.

Pour la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Diane Francoeur, les résultats prouvent qu'une « loi matraque » n'était pas nécessaire et que « la collaboration est plus efficace que la contrainte ». M. Barrette croit plutôt que la loi 20 a poussé les médecins à prendre des engagements et à changer leurs pratiques.

« Nous nous sommes engagés à livrer la marchandise et nous y arriverons », a déclaré Mme Francoeur par voie de communiqué. Selon elle, « pour une fois, le gouvernement a mis les ressources nécessaires pour atteindre les cibles prévues pour quatre mesures ».

Mais aux yeux de la porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Diane Lamarre, les résultats présentés par le ministre Barrette « ne sont pas significatifs ». « Les gens ne peuvent pas voir de différence concrète. Et c'est presque insignifiant ce qui a été réalisé dans les demandes de consultation répondues à l'intérieur de quatre heures. Et rappelons-nous que cette cible-là ne concerne que la période du lundi au vendredi entre 8h et 16h ».

Certes, a reconnu la députée, « il y a une diminution du nombre de personnes en attente d'une chirurgie, mais il y en a encore 5000 qui attendent depuis plus d'un an. C'est nettement inconcevable que ce soit encore comme ça ».