Le cardiologue Gilles Goulet, qui dénonce l'usage de l'anglais dans les rapports médicaux de certains de ses collègues depuis « plus de 10 ans », estime que le phénomène est en hausse.

« Malheureusement, rien ne bouge », affirme le spécialiste, qui travaille au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), mais également à Dorval, à Saint-Henri et à Verdun.

La Presse a rapporté lundi qu'un groupe de médecins travaillant dans l'ouest de Montréal déplorent que de plus en plus de spécialistes du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) rédigent leurs rapports uniquement en anglais.

« Je travaille dans l'ouest de Montréal depuis 20 ans. Je vois l'anglais progresser d'année en année », affirme le Dr Goulet, qui dit avoir déposé une plainte à l'Office québécois de la langue française à ce sujet, il y a deux ans. Or, sa plainte a été rejetée.

Notamment parce que la Charte de la langue française prévoit qu'un médecin a le droit de rédiger ses rapports en anglais ou en français. Toutefois, si un patient ou un collègue réclame un rapport en français, une traduction doit être fournie gratuitement.

Loi à changer

Le Dr Paul Saba milite depuis toujours pour la préservation du français à l'hôpital de Lachine, où il travaille. Il siège au comité de liaison de l'hôpital de Lachine et du CUSM. « Dès qu'on voit une anglicisation de notre institution, je fais tout pour ramener le français », dit-il.

Le Dr Saba assure que les patients de l'hôpital de Lachine reçoivent toujours des services en français. Il reconnaît toutefois que parfois, les demandes de consultation envoyées à des collègues spécialistes du CUSM reviennent « uniquement en anglais ». « Vous me rapportez des mécontentements. On va agir », assure le Dr Saba.

Le président du Collège des médecins, le Dr Charles Bernard, précise qu'au Québec, l'anglais et le français sont les deux langues reconnues. « Les patients ont le droit d'être servis en français et de recevoir leurs rapports en français. Mais la Charte est ce qu'elle est. Et ça prime sur tout », dit-il.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, abonde dans le même sens. Il ajoute que tout établissement du réseau de la santé « peut exiger le français » dans les rapports médicaux de ses médecins. « Mais si l'institution n'a pas d'exigence, les médecins ont la liberté d'entrer des données en anglais ou en français », note-t-il.

Selon le Dr Goulet, si le patient est francophone et que la demande d'examen est rédigée en français, le rapport médical devrait être produit en français. « La loi devrait être changée », martèle-t-il.

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Nombre de plaintes reçues annuellement par l'Office québécois de la langue française par des citoyens qui se plaignent de recevoir des rapports médicaux en anglais : 

2015-2016 : 2

2014-2015 : 4

2013-2014 : 1