La décision du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, d'octroyer au secteur public les projets de buanderies d'hôpitaux risque maintenant d'entraîner des pertes d'emplois dans le secteur privé.

C'est ce qu'affirme Buanderie Blanchelle, une entreprise privée qui avait soumissionné lors de l'appel d'offres, mais qui n'a pas obtenu le contrat.

Jeudi dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux a annoncé qu'à l'issue du processus qui avait mis en concurrence le privé et le public, ce sont les deux projets du public qui ont été sélectionnés, à savoir Partagec, dans la région de Québec, et La Vérendière, à Joliette.

Mardi, au cours d'une rencontre avec la presse à Montréal, le président de Buanderie Blanchelle, Pierre Ferron, a encore une fois remis en question le processus d'appel d'offres. Il n'y est pas allé de main morte, parlant d'«opération de maquillage», de «mauvaise foi», de «modifications déloyales aux prix des projets du secteur public». Il juge impossible que le public ait pu soumissionner à un coût moindre que le privé.

Et, cette fois, il a laissé entendre qu'il pourrait devoir fermer son usine de Repentigny si le gouvernement va de l'avant avec son projet de favoriser les buanderies publiques.

Blanchelle emploie 260 travailleurs, dont 140 à Repentigny, les autres étant à Saint-Jean-sur-Richelieu.

«Nous, on comptait sur ces contrats-là pour reconstruire l'usine (de Repentigny), parce qu'elle était trop petite et mal située. Elle avait besoin de nouveaux équipements, nouveaux espaces pour être un peu plus efficace. Et là, on est obligé de voir la possibilité de rapatrier toutes nos activités à Saint-Jean-sur-Richelieu. Si la décision est prise de construire et d'aller de l'avant (avec le secteur public), on va devoir fermer Repentigny», a lancé M. Ferron.

Il craint aussi des pertes d'emplois à cause d'un éventuel maraudage de ses clients par les mégabuanderies publiques, qui voudront ainsi rentabiliser leurs activités.

«Quand on lit les documents, la capacité et le volume additionnels qu'ils vont chercher, c'est clair qu'ils vont chercher tous les clients publics de notre région. Donc, tous les clients qu'on peut avoir dans notre région, et bien on va les perdre», s'est exclamé l'homme d'affaires.

M. Ferron demande au Vérificateur général du Québec ainsi qu'à la Commission de révision permanente des programmes d'examiner la façon dont le processus a été mené pour conclure que les projets du public étaient plus avantageux.

Ni la CSN, qui représente des travailleurs des buanderies publiques, ni le ministère n'ont souhaité commenter la sortie de M. Ferron.