Blâmé par des couples infertiles, vilipendé par l'opposition, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a évoqué jeudi des « ajustements » devant le cafouillage entourant l'entrée en vigueur de la loi qui met fin au programme de procréation assistée.

La loi adoptée le 10 novembre prévoit un délai de six mois pour permettre aux couples de continuer de bénéficier de la couverture publique lorsqu'ils ont « commencé les activités de fécondation in vitro » et reçu des « services requis » à cette fin.

Le 13 novembre, La Presse faisait état de la grande confusion au sujet de la transition dans les cliniques de fertilité.

Cette semaine, à l'Assemblée nationale, les députés Diane Lamarre (PQ) et François Paradis (CAQ) ont exposé la situation de couples à qui l'on a dit qu'ils ne sont plus couverts par le régime public même si des démarches médicales avaient été entamées. Ils se sont présentés en compagnie de couples infertiles lors d'une conférence de presse jeudi.

« Nous sommes présentement en traitement de fécondation in vitro avec une prescription datée du 2 novembre et un consentement signé de moi et mon conjoint du 3 novembre. Et quel malheur et déception avons-nous eus quand la clinique où nous sommes suivis, vendredi, nous a téléphoné pour nous dire que, si nos médicaments n'étaient pas achetés, nous ne serions pas couverts. Ça représente entre 15 000 $ et 16 000 $, parce que seulement le traitement de fécondation représente 8 950 $ et les coûts de médicaments dépassent le 5 000 $. Alors, on demande, s'il vous plaît, de respecter les engagements qui ont été pris avec la gratuité de la RAMQ et de respecter notre date de prescription pour poursuivre, parce que c'est notre plus grand rêve de devenir parents », a raconté Marie-Claude Morency.

Selon Céline Braun, de l'Association des couples infertiles du Québec, « la réglementation est un «free-for-all» dans toutes les cliniques, où chacun y va avec sa propre interprétation : une fois, c'est la date d'achat du médicament; une fois, c'est la date du prélèvement de sperme. On peut s'y perdre ». « Donc, nous demandons au ministre de bien vouloir maintenir la date de prescription pour la médication afin de couvrir le dernier cycle de la fécondation in vitro pour les couples infertiles du Québec », a-t-elle ajouté.

Pour Diane Lamarre, le cafouillage actuel donne lieu à des situations « très cruelles » voire « inhumaines » pour des couples. Il est causé par un « problème de formulation » dans la loi et un « problème de communication » entre le ministère de la Santé et les neuf cliniques de fertilité, estime François Paradis. « La transition n'a pas été planifiée, elle a été mal pensée, elle n'a pas été réfléchie », a-t-il ajouté. « Les patients sont mal informés et tombent dans les failles du système. »

Pour le ministre Gaétan Barrette, « les règles sont claires », mais « il y a eu quelques problèmes de compréhension » de la part des cliniques. « Il y a des zones qui sont un peu particulières, et certainement par compassion, nous allons faire des ajustements pour cette période de transition », a-t-il affirmé.

« Il peut y avoir des cas de figure, et nous constatons qu'il y en a, qui sont un peu limite. Nous allons évidemment faire pencher la balance du côté des patients », a-t-il ajouté. Il a donné l'exemple d'une patiente qui avait acheté une partie de ses médicaments avant l'entrée en vigueur de la loi et qui, après, s'était vue refuser la couverture publique pour l'autre partie. « Voilà un exemple où on doit faire pencher la balance du côté de la personne dans la mesure où la démonstration est faite, documentée que la démarche avait été commencée, a-t-il dit. On va s'adresser favorablement à certaines situations lorsque la démonstration sera faite qu'il y a une solution à leur problème. »