Dans le contexte où les deux principaux centres hospitaliers universitaires (CHU) de Montréal vivent d'importantes transitions, les postes de directeur général des deux établissements seront abolis le 31 mars pour faire place à de nouveaux présidents-directeurs généraux (PDG). Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, décidera si les directeurs généraux actuels restent en poste ou s'ils cèdent leur place à de nouvelles personnes.

Les candidats intéressés par le poste de PDG du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ou du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) avaient jusqu'à aujourd'hui pour déposer leur candidature au terme d'une période d'affichage éclair d'une semaine. En fait, tous les candidats intéressés par un poste de PDG dans le réseau de la santé devaient respecter la même échéance.   

Le projet de loi 10, adopté il y a un peu plus d'une semaine sous le bâillon, entraîne la fusion de plusieurs établissements du réseau de la santé. Les 182 directeurs généraux des établissements de santé actuels perdront leur emploi le 31 mars et seront remplacés, le 1er avril, par 33 présidents-directeurs généraux nommés par Québec.

Même si leurs établissements ne seront pas fusionnés à d'autres, les directeurs du CHUM et du CUSM perdront leur emploi. «Ils ne sont pas exemptés par la réforme», confirme André Côté, président de l'Association des directeurs généraux des établissements de santé et des services sociaux du Québec.

«La transition est importante»

Le directeur général du CUSM, Normand Rinfret, préparait sa candidature pour le poste de PDG, hier après-midi. «Je reconnais au ministre le droit de changer de dirigeant et de considérer toutes les candidatures. [...] Mais la période de transition que nous vivons présentement est importante. J'aimerais en faire partie», a déclaré M. Rinfret.

Le CUSM est actuellement en pleine période de déménagement vers le nouvel emplacement de la gare de triage Glen. Le déménagement se poursuivra jusqu'à l'été. La phase critique aura lieu à la fin du mois d'avril, alors que l'hôpital Royal Victoria sera appelé à bouger.

Du côté du CHUM, la porte-parole Sylvie Robitaille a confirmé que le directeur général actuel, Jacques Turgeon, a déposé sa candidature. «Il attend, comme tout candidat, les résultats du concours», a déclaré Mme Robitaille.

Le CHUM vit également une période importante. La construction de son nouvel hôpital est en cours au centre-ville. Les préparatifs en vue du déménagement, prévu pour 2016, sont également commencés.

«Certains diront que changer de directeur général dans les CHU à ce stade-ci serait osé», indique M. Côté. Il signale que plusieurs directeurs du réseau vivent actuellement une grande anxiété par rapport à leur avenir. «C'est une période très stressante», confirme-t-il.

Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on indique que c'est aujourd'hui qu'on saura combien de personnes ont déposé leur candidature pour les postes de PDG des CHU et de tous les établissements du réseau.

L'attachée de presse du ministre Barrette, Joanne Beauvais, précise que ce n'est pas le ministre lui-même qui nommera les nouveaux PDG. «Toutes les candidatures sont évaluées par des experts en gouvernance, indépendants, qui font ensuite des recommandations au ministre», explique Mme Beauvais. «Donc, oui, le ministre les "nomme", mais il ne sort pas les candidats de son chapeau», précise-t-elle.

Anciennement, les directeurs généraux des établissements de santé étaient nommés par les conseils d'administration à la suite des recommandations d'un comité de sélection local.

Les deux directeurs généraux des CHU de Montréal

Jacques Turgeon, CHUM

Jacques Turgeon a été directeur du Centre de recherche du CHUM de 2007 à 2014, avant d'être nommé directeur du CHUM, en juin 2014. M. Turgeon est arrivé à la tête du CHUM dans une période pour le moins tumultueuse. À la fin de 2013, le conseil d'administration du CHUM avait démis l'ancien directeur général, Christian Paire, de ses fonctions. Cette décision découlait d'un rapport dévastateur du vérificateur général du Québec, qui avait notamment critiqué le fait que M. Paire avait bénéficié de primes au rendement auxquelles il n'avait pas droit.

Normand Rinfret, CUSM

Normand Rinfret a été nommé directeur général par intérim du CUSM en 2011, à la suite de la démission du controversé directeur de l'époque, Arthur Porter. M. Porter est notamment accusé d'avoir tiré profit d'une partie d'un pot-de-vin de 22,5 millions versé par d'anciens dirigeants de SNC-Lavalin pour obtenir le contrat de construction du CUSM, évalué à 1,3 milliard. M. Rinfret oeuvre au CUSM depuis 1979. Il a occupé différents postes administratifs, notamment le poste de directeur général associé.