Une semaine avant l'élection de 2012, l'ancien premier ministre Jean Charest avait promis 15 millions pour mettre en place un service ambulancier héliporté. Son gouvernement n'ayant pas été réélu, le projet n'a jamais décollé. Avec le retour des libéraux au pouvoir, peut-on espérer la création d'un tel service?

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) déclare que l'option du transport ambulancier par hélicoptère a déjà été évaluée.

«Pour de multiples raisons (contexte budgétaire, besoins d'infrastructures d'accueil pour les hélicoptères, réalité du territoire québécois avec population dispersée sur un grand territoire), le MSSS a pris la décision de privilégier, à court et moyen terme, l'optimisation des services préhospitaliers de qualité existants», a expliqué la porte-parole du MSSS, Stéphanie Ménard.

En juillet dernier, l'ex-ministre de la Santé Réjean Hébert a créé un Comité national sur les services préhospitaliers d'urgence au Québec. Le comité est chargé d'analyser le fonctionnement global du système préhospitalier au Québec.

Les recommandations sont attendues. Les acteurs du milieu ne savent pas quelle importance a été accordée au transport par ambulance héliportée dans l'évaluation.

Actuellement, Évacuations aéromédicales du Québec (ÉVAQ) est le seul programme officiellement reconnu par le gouvernement du Québec, et il ne peut compter sur aucun hélicoptère. La flotte comprend quatre avions: deux Challengers 601, un Dash-8 et un King-Air 100.

Le CHUM et le CUSM sans héliport

Pourquoi ne pas avoir prévu le coup avec les nouveaux Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et Centre universitaire de santé McGill (CUSM)? Le MSSS a renvoyé la balle au Bureau de modernisation des centres hospitaliers universitaires de Montréal.

«Le CHUM pourra s'adapter si nécessaire, a estimé le porte-parole Martin Viau dans un courriel. Le site Glen du CUSM n'a pas besoin d'un héliport, puisque [le département de traumatologie] reste à l'Hôpital général et [que] le CHU Sainte-Justine peut utiliser un terrain adjacent pour y accueillir un hélico.»

Le Dr François de Champlain, urgentologue à l'Hôpital général de Montréal et porte-parole de l'Association des spécialistes en médecine d'urgence du Québec, croit qu'un héliport aurait dû figurer dans les plans du nouveau CUSM.

«Nonobstant la traumatologie, qui est une sphère importante du transport héliporté, il reste que la cardiologie va se ramasser au [site] Glen [du CUSM], explique-t-il. Pour d'autres applications de centres tertiaires, l'hélicoptère aurait donc pu servir même sans la traumatologie.»

Le Bureau de modernisation des centres hospitaliers universitaires de Montréal n'a pas voulu accorder d'entrevue à La Presse, puisque «pour [lui], le sujet n'est pas à l'ordre du jour».

Hôpitaux équipés d'un héliport au Québec

> Hôpital du Sacré-Coeur, Montréal

> Hôpital Pierre-Boucher, Longueuil

> CHUS, hôpital Fleurimont, Sherbrooke

> Hôpital de Chicoutimi, Saguenay

> Hôpital de l'Enfant-Jésus, Québec

En chiffres

1 %

Proportion des transports médicaux qui sont faits par hélicoptère aux États-Unis.

Source: B.J. Maguire et coll., «Occupational fatalities in EMS: A Hidden Crisis», Annals of Emergency Medicine, 2002, vol. 40, no 6, p. 625-632.

120 $

Coût annuel de la carte de membre d'Airmedic pour obtenir des services médicaux d'urgence héliportés ou aéroportés partout au Québec. La protection familiale coûte 250 $ et la protection temporaire, 2 5$.