Le reste du Canada doit emboîter le pas au Québec et tenir un « dialogue » sur les soins en fin de vie, a affirmé l'Association médicale canadienne mardi. Mais cet organisme marche lui-même sur des oeufs face à la mesure phare du projet de loi « Mourir dans la dignité », soit l'aide médicale à mourir.

L'AMC a dévoilé en conférence de presse le résultat de consultations publiques qu'elle a tenues dans cinq villes au Canada anglais. Il en ressort les hôpitaux - tout comme les médecins eux-mêmes - sont mal outillés pour dispenser des soins palliatifs. Et que les Canadiens souhaitent que les autorités s'attaquent à cette lacune.

« On veut qu'il y ait un débat qui mène à une prise de position de société, comme ça s'est fait au Québec », résume le Dr Pierre Harvey, porte-parole de l'AMC.

Ottawa pourrait mener une telle consultation et, éventuellement, imposer des lignes directrices aux provinces pour encadrer les soins en fin de vie.

« Pour le moment, le gouvernement agit selon son programme électoral, mais lui-même n'a pas à ma connaissance fait de démarche de cette ampleur pour savoir ce que les Canadiens veulent, a indiqué le Dr Harvey. Le principe même de notre démocratie c'est que le gouvernement doit refléter ce que les Canadiens veulent. »

Le Québec est la seule province à avoir légiféré sur la question. Le projet de loi 52, adopté par l'Assemblée nationale il y a deux semaines, autorisera des patients en phase terminale à obtenir l'aide d'un médecin pour mettre fin à leurs jours dans certaines conditions.

Le gouvernement Harper envisage de contester la loi, puisque le Code criminel, de juridiction fédérale, interdit l'euthanasie et le suicide assisté.

Cet aspect du débat créé visiblement un malaise au sein de l'AMC. La position officielle de l'organisme depuis 2007 est que la loi canadienne interdit à un médecin d'aider un patient à mettre fin à ses jours, mais cette position a été remise en question. Voilà pourquoi ses porte-parole restent flous quant aux recommandations qui seront fournies aux membres.

« Pour le moment, la loi dit que c'est criminel. On ne fait pas de recommandation et on n'a pas de position vraiment disant 'allez-y' », a indiqué le Dr Harvey.