Deux pharmaciens montréalais viennent de reconnaître qu'ils ont «récupéré» les médicaments retournés par certains clients pour les refiler à d'autres pendant au moins six ans, le tout dans une pharmacie qui ne respectait pas «les règles de propreté et de l'hygiène».

Des amendes pour deux pharmaciens

Davy Chhuon et Thu Thuy Tran, qui travaillent dans une pharmacie Uniprix de Verdun, devraient être condamnés à payer des amendes totalisant 8000$ chacun. La semaine dernière, ils ont plaidé coupable à cinq accusations déontologiques devant le Conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens.

De 2007 à 2013, la pharmacie de M. Chhuon et Mme Tran n'hésitait pas à emballer de nouveau les comprimés contenus dans les piluliers qui leur étaient retournés, notamment par une résidence de l'Armée du salut et par l'hôpital Douglas. Selon le pharmacien, il s'agissait d'une pratique bien implantée, qui était déjà appliquée par l'ancien propriétaire du commerce.

«Selon l'Ordre, on ne peut pas recycler» les médicaments qui nous reviennent sans avoir été utilisés, a expliqué M. Chhuon en entrevue téléphonique avec La Presse. «C'est ça, le problème. Quand j'étais étudiant, en 2002, [...] on m'avait dit que comme les Dispill [piluliers] étaient scellés, on pouvait les recycler [le contenu].»

L'Ordre des pharmaciens n'est pas du même avis. M. Chhuon et Mme Tran devront payer 5000$ chacun pour l'application de ce système de recyclage, qui violerait clairement le Code de déontologie.

Poussière et médicaments périmés

L'an dernier, l'équipe de l'Ordre des pharmaciens s'est rendue dans la pharmacie de Verdun pour faire enquête. On y a trouvé - et photographié - des comprimés mal emballés ou pas emballés du tout, notamment des bacs de plastique contenant une multitude de comprimés mélangés. Il s'agirait de divers comprimés récupérés des piluliers.

Pire encore, selon la syndic de l'Ordre, des médicaments périmés depuis deux ans traînaient sur les tablettes des réserves de la pharmacie.