Les libéraux se ravisent en matière de sécurité pour aînés. Alors que leur député Jean D'Amour exigeait qu'on allège les normes pour les petites résidences privées, ils proposent maintenant de les aider financièrement à s'y conformer.

«Si on est capable d'accompagner les très grandes entreprises qui sont créatrices d'emplois avec des prêts sans intérêt, ne pensez-vous pas qu'on pourrait mettre en place quelque chose pour accompagner les petits propriétaires (de résidences privées pour aînés)», a lancé l'ex-ministre libéral des Aînés, Marguerite Blais, au caucus de son parti à Saint-Félicien.

La Presse révélait ce matin que le ministre de la Santé Réjean Hébert a déposé à la fin décembre un règlement pour alléger certaines normes de sécurité dans ces résidences privées.

Selon ce projet, l'employé qui doit être présent la nuit n'aurait plus besoin d'avoir une formation de préposé aux bénéficiaires ou un équivalent. Une formation en réanimation cardiorespiratoire et de secourisme général aurait désormais suffi. Autre changement prévu par le ministre: dans les résidences de 50 logements ou moins, le surveillant la nuit pourrait «ne pas être un membre du personnel.» Une personne âgée aurait pu surveiller les autres.

«Comment pensez-vous que les gens perçoivent aujourd'hui le fait que ce soit un résident qui surveille les autres résidents la nuit», a réagi Mme Blais.

Le règlement devait entrer en vigueur à la mi-février. Le ministre Hébert promet d'y renoncer.

Mais les libéraux n'osent pas trop déchirer leur chemise. Car leur député Jean D'Amour avait lui-même écrit au ministre Hébert pour demander des allégements pour les petites résidences privées de 35 logements et moins. Les institutions financières ne leur consentiraient pas de prêt pour financer les nouvelles normes de sécurité. Cela risquait donc de mener à leur fermeture, ou de faire grimper le prix du loyer. Par exemple, pour les Habitations des Cônes de Saint-Modeste, la facture s'élèverait à 77 896 $, ce qui se traduirait par une hausse de loyer de 650 $.

M. D'Amour ne proposait pas d'aider financièrement ces petites résidences à améliorer la sécurité. Il proposait d'alléger les normes.

Les libéraux disent s'inquiéter encore de l'impact financier de ces nouvelles normes, particulièrement en région. «Ce n'est pas mieux quand les petites résidences ferment leurs portes et que les aînés se retrouvent aux urgences», lance Marguerite Blais.

«Il va falloir qu'on ait une très grande réflexion après ce qui s'est passé à l'Isle-Verte», ajoute-t-elle. Mais selon elle, «l'équilibre» entre la sécurité et les coûts n'est «pas facile à trouver.»  

Les libéraux demandent une enquête publique. Le gouvernement péquiste y serait favorable.