Excédés par l'inaction du gouvernement, des médecins du Centre universitaire de santé McGill interpellent le ministre de la Santé, Réjean Hébert, le pressant de procéder à la révision de la Loi sur le tabac dès la reprise des travaux parlementaires.

Chaque semaine, les médecins doivent annoncer à des patients atteints d'un cancer du poumon qu'ils ne peuvent rien pour eux. C'est souvent trop tard, explique le Dr Dick Menzies, directeur de la division des soins respiratoires de l'Institut thoracique de Montréal (CUSM).

«Ces patients ne sont pas opérables. Il n'y a pas de guérison possible même avec de la radiothérapie ou de la chimiothérapie. Dans 80 % des cas, c'est un décès dans une moyenne de six mois», décrit le Dr Menzies.

Lui et son collègue, le Dr David Mulder, chirurgien thoracique senior à l'Hôpital général de Montréal et longtemps médecin du Canadien de Montréal, ont fait parvenir vendredi une lettre au ministre de la Santé, le pressant d'agir.

Ce geste s'inscrit dans une campagne lancée par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac qui invite les patients et la population en général à écrire personnellement au ministre.

Pour leur part, les deux médecins comptent aussi interpeller le Collège des médecins et la Fédération des médecins spécialistes du Québec afin d'obtenir leur appui.

Les médecins sont particulièrement préoccupés de voir que les jeunes commencent à fumer en moyenne à 12 ans et demi à peine.

Les études ont démontré qu'un adolescent qui commence à fumer à cet âge est souvent dépendant de la nicotine toute sa vie, souligne le Dr Menzies.

Le gouvernement doit mieux encadrer l'industrie, renchérit le Dr Mulder en faisant référence aux dérivés comme les cigarettes ultraminces ou les cigarillos aromatisés, particulièrement populaires auprès des jeunes.

«On espère influencer le ministre de la Santé afin qu'il limite le marketing et les techniques utilisées par l'industrie du tabac de façon à protéger les jeunes», dit le Dr Mulder.

La Loi sur le tabac n'a pas été révisée depuis 2005. En campagne électorale, le Parti québécois s'était engagé à le faire, rappelle Flory Doucas, porte-parole de la Coalition pour le contrôle du tabac. «Les mois ont passé et la loi se fait attendre», dit-elle.

Le ministre avait fait part de son intention de déposer des modifications l'automne dernier, mais a dû les repousser à 2014. «Vous comprendrez qu'on est un peu sceptiques, on est un peu troublés, tout cela prend des allures de belles promesses qui ne sont pas tenues», ajoute Mme Doucas.

La Coalition souhaite notamment l'interdiction de l'aromatisation des produits du tabac, un emballage standardisé, un moratoire sur les nouveaux produits du tabac, ainsi que l'interdiction de fumer sur les terrasses et dans les voitures en présence d'enfants.