Les médecins, dentistes et pharmaciens de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont ont embauché une lobbyiste, de peur de voir l'important projet de rénovation de leur hôpital remis aux calendes grecques.

Dans l'espoir de retrouver l'équilibre budgétaire, le gouvernement péquiste s'apprête à mettre sur la glace pour au moins un an plusieurs projets immobiliers en santé promis sous les libéraux, et celui de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui possède les pires urgences du Québec et des installations qui datent des années 50, ne ferait pas partie de la liste des priorités. Inquiets, les médecins de l'hôpital tentent de mettre sur pied une coalition d'élus et d'organismes communautaires de l'est de la ville pour convaincre Québec de l'urgence d'investir dans le plan de modernisation.

«Pour moi, la santé ne devrait pas être un enjeu politique», a expliqué en entrevue avec La Presse le Dr Rafik Ghali, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) de l'hôpital. «On n'a pas toujours été très vocaux sur la place publique, mais là, on s'est réveillés et on s'est dit que si on ne commençait pas à parler pour la population, nos patients vont passer à côté de quelque chose de très important.»

Depuis quelques années, l'hôpital Maisonneuve-Rosemont planche sur un plan de rénovation de 900 millions de dollars échelonné sur une période de 10 ans. Or, le gouvernement péquiste avance aujourd'hui que plusieurs projets d'infrastructure en santé, dont les coûts totalisent 2,3 milliards, annoncés sous les libéraux, n'avaient pas été rattachés à un plan quinquennal d'immobilisation, une étape budgétaire obligatoire, selon le Parti québécois (PQ). C'est notamment le cas de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Les ministres du PQ se réuniront bientôt pour déterminer quels projets seront priorisés en santé, en transport et en éducation.

Maisonneuve-Rosemont dessert une population de 670 000 personnes. «Les statistiques épidémiologiques montrent que l'est de Montréal est la région où le vieillissement est le plus accentué et où il y a le plus de cancers», explique le Dr Ghali.

Ce dernier affirme qu'il est responsable d'étudier tous les projets immobiliers dans leur ensemble, mais que l'est de Montréal doit cesser d'être le parent pauvre en santé. C'est pourquoi les membres du CMDP ont commencé, avec l'aide de l'agence de relations publiques Zone franche, à rencontrer des élus locaux et des membres de la communauté des affaires afin de les rallier à leur cause.

«Des fois, on a l'impression que les projets ne sont pas toujours attribués au mérite. Notre plan est assez lucide. On ne demande pas 1 milliard demain, on demande d'investir sur 10 ans! La situation de Maisonneuve-Rosement sera intenable s'il n'y a pas des investissements qui se planifient et qui se font rapidement», affirme le Dr Ghali.