Le Dr Philippe Couillard, que plusieurs voient déjà comme le successeur de Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec (PLQ), estime qu'il est possible de faire une plus grande place au privé dans le réseau de la santé, à condition de maintenir le financement public. Mercredi, l'ancien ministre de la Santé a croisé le fer avec le président-directeur général de l'Institut économique de Montréal (IEDM), lors d'un débat où il a été question du rôle du secteur privé dans le milieu hospitalier québécois.

Michel Kelly-Gagnon, haut dirigeant de l'IEDM, estime que la loi devrait être modifiée pour accroître la place du privé et même permettre aux gens de contracter une assurance pour obtenir une chirurgie. Le Dr Couillard est toutefois plus nuancé. «Il faudrait signer des contrats avec les spécialistes contenant plusieurs exigences, notamment sur leur volume d'activités, avant de leur permettre de pratiquer à la fois au privé et au public. Et en général, les médecins n'aiment pas ça. Je pense aussi qu'il ne faut pas oublier les problèmes d'accès en régions, les possibles conflits d'intérêts et la possible dilution des infirmières et techniciens vers le privé», a-t-il expliqué.

L'exemple de la clinique RocklandMd, à Montréal, dont l'entente avec l'hôpital du Sacré-Coeur pour offrir certaines chirurgies a été conclue en 2007 lorsque Philippe Couillard était ministre, a émergé du débat. Sans vouloir se positionner officiellement, M. Couillard affirme qu'il faut étudier sérieusement le modèle qui est toujours en place, malgré l'intention de l'ancien gouvernement de rapatrier les chirurgies au privé d'ici un an ou deux.

«Mais il faut l'évaluer correctement, pas juste au niveau des coûts, mais aussi se pencher sur le niveau de satisfaction des patients, a prévenu le Dr Couillard. Il faut savoir quel est le pourcentage d'annulation de chirurgies au privé par rapport au système hospitalier. Et la satisfaction du personnel et des médecins. Mais je suppose que cet exercice sera en cours au gouvernement.»

Selon lui, il y a cependant plusieurs priorités ailleurs dans le réseau, notamment en première ligne. Il estime néanmoins que la prochaine étape dans le domaine de la santé au Québec passe forcément par la mesure des coûts, de la performance des établissements, des soins et de la satisfaction des patients. Il s'est d'ailleurs déjà prononcé pour un financement des hôpitaux en fonction de la performance, un modèle présentement à l'étude par un comité mandaté par les libéraux.

«Les chirurgies au privé, c'est une des solutions pour remédier aux problèmes dans le réseau de la santé, a ajouté le Dr Couillard, lorsque La Presse l'a questionné. Mais il faut que les gens comprennent bien, on va dans ces cliniques avec notre carte d'assurance maladie comme on va dans un hôpital: sans frais. Le problème, c'est qu'on a tendance à tout ramener comme si c'était la solution unique. On pourrait soulager les hôpitaux en concentrant les petites procédures à haut volume ailleurs.»

Talonné à la sortie du débat au sujet de son possible saut dans la course à la direction du PLQ, le Dr Phillippe Couillard a affirmé qu'il allait s'en tenir à une «politique de discrétion complète». «Aujourd'hui, je n'ai rien d'autre à dire que je suis encore en réflexion. Si la décision est négative, on peut l'annoncer n'importe quand, mais je ne vois pas comment on peut annoncer une telle décision si on ne sait pas le mode du scrutin ni la durée de la course. Oui, je m'ennuie de faire ma contribution au Québec, mais la politique, ce n'est qu'une façon de le faire», a-t-il dit.

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Couillard dans la course à la direction du PLQ?

Talonné à la sortie du débat au sujet de son possible saut dans la course à la direction du PLQ, le Dr Phillippe Couillard a affirmé qu'il allait s'en tenir à une «politique de discrétion complète».

«Aujourd'hui, je n'ai rien d'autre à dire que je suis encore en réflexion. Si la décision est négative, on peut l'annoncer n'importe quand, mais je ne vois pas comment on peut annoncer une telle décision si on ne sait pas le mode du scrutin ni la durée de la course. Oui, je m'ennuie de faire ma contribution au Québec, mais la politique, ce n'est qu'une façon de le faire», a-t-il dit.