Un rapport du ministère de la Santé vient contredire le ministre Yves Bolduc, qui soutenait que le problème de la légionellose n'était pas apparu sur le radar du gouvernement depuis l'arrivée du Parti libéral du Québec (PLQ) au pouvoir, en 2003.

Devant les six morts -un bilan passé à huit hier- le ministre a rappelé samedi qu'une épidémie était survenue en 1996 et que le gouvernement péquiste n'avait pas donné suite à un rapport publié en 1997 sur l'événement. Arrivé aux commandes en 2003, le gouvernement libéral ne pouvait «débusquer» les problèmes survenus avant son élection, a-t-il plaidé.

Or, un document de son propre ministère datant de 2010 indique que le nombre de cas a plus que triplé au cours du premier mandat des libéraux.

De 15 à 51

D'après le rapport en question, obtenu par La Presse, 15 cas de légionellose ont été recensés en 2003. Ce nombre a ensuite grimpé régulièrement pour atteindre 51 cas en 2007.

Le «Guide d'utilisation: la légionellose acquise dans la communauté», rédigé par le ministère de la Santé et destiné aux médecins, cible par ailleurs les tours de refroidissement d'air comme source possible de la bactérie, tout comme les chauffe-eau, les humidificateurs et les saunas domestiques.

Samedi, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a blâmé le PQ pour l'éclosion de légionellose qui touche actuellement la ville de Québec.

«C'est en 1996 qu'il y a eu l'éclosion de légionellose», a fait valoir M. Bolduc. «S'il y a des gens qui ont à être embarrassés, ce sont les gens qui étaient à ce moment responsables du réseau de la santé et qui n'ont rien fait ou peu fait.»

Le ministre Bolduc a même ajouté qu'il n'y avait «pas du tout» d'embarras à y avoir pour son gouvernement.

Pas une sonnette d'alarme

Yves Bolduc n'a pas voulu accorder d'entrevue à La Presse hier. Il participait à «des activités», a-t-on expliqué.

À son bureau, on souligne que le rapport de 2010 est un document d'information destiné aux professionnels de la santé, et non pas de recommandations claires ou d'une sonnette d'alarme. Les deux rapports «n'ont rien à voir», assure Natacha Joncas Boudreau, attachée de presse d'Yves Bolduc.

«C'est sûr qu'il y a une augmentation de cas. Par contre, une augmentation de cas ne signifie pas nécessairement une épidémie», a-t-elle expliqué en entrevue téléphonique.

«La santé publique suit ce genre de variation. Certaines variations sont considérées comme normales, mais c'est sûr qu'ils informent le Ministère ou le ministre à partir du moment où la variation est considérée comme problématique.» Selon sa compréhension du document, la hausse décrite a été considérée comme normale et n'a pas fait l'objet d'un avertissement au ministre.

Yves Bolduc est ministre de la Santé depuis 2008.